La Grande Odyssée

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LA GRANDE ODYSSÉE
Scénariste Cristian Zentilini
Dessinateur Wyeth
Nom V.O. Ultima Odissea
Revue V.O. Corrier Boy
Éditeur V.O. Atlantic Press - Corriere della Sera

La Grande Odyssée  Série de science-fiction italienne de Cristian Zentilini et Paolo Morisi sous le pseudonyme Wyeth, parue dans Antarès.

L'histoire

Dans une société du futur ultra-policée interdisant jusqu'à l'amour, la Terre apprend qu'elle est condamnée à court terme à cause d'une météorite géante qui va la percuter. Un gigantesque vaisseau (l'Ulysse) est alors construit pour permettre à 2000 sélectionnés de sauver l'humanité.

Curieusement, les dirigeants décident de ne sélectionner que des gens rétifs à la société en place. À la fin du 1er épisode, on voit donc l'Ulysse partir pour sa grande Odyssée qui le verra voguer de planètes en planète jusqu'à sa destination finale : une planète habitable pour y accueillir ses habitants.

L'exploration des différents mondes n'est pas sans rappeler la série Cosmos 1999.

Thématique et analyse

Cristian Zentilini et Wyeth proposent le thème de l'arche stellaire emportant dans ses flancs les derniers humains vers un monde d'adoption. Le principe est celui de la catastrophe anéantissant la Terre, dont une partie de la population prend place à bord du vaisseau tentant cet ultime recours pour préserver l'espèce.

En 2200, quand une comète est sur le point de heurter la Terre, deux mille personnes sont sélectionnées pour faire partie du grand exode à bord du vaisseau « Ulysse » à destination d'une planète d'accueil.

« Et la Terre fut » annonce le titre du premier chapitre (Antarès n°5).

Chaque nouvel épisode amène l'astronef et ses occupants à proximité d'une planète inconnue, et les voyageurs la visitent pour vérifier s'il y règne ou non des conditions de vie qui leur soient favorables. Un péril les y attend indéfectiblement.

Une première étape les confronte à un peuple d'apparence humaine, mais dont la durée de vie n'excède pas cinq à six semaines.

Amenant une femme de ce monde à bord de leur vaisseau afin de l'étudier, les terriens ignorent qu'ils font ainsi entrer une vampire qui, pour arrêter son vieillissement, absorbe « l'énergie vitale » des hommes qu'elle séduit. Elle est « L'étrange Rexa » (n° 6).

Dans « Le cercueil de cristal », un généticien s'est autrefois exilé sur une autre planète pour y créer artificiellement une humanité parfaite. Le fruit de ses expériences, un groupe d'humains idéaux, est parti vers la Terre pour y « régénérer » l'humanité.

Quand l'homme voit venir les émigrants, il pense que ce sont les descendants de ses créatures. Il découvre son erreur : ceux qu'il nomme ses « enfants » n'ont jamais atteint leur destination, s'étant vraisemblablement égarés dans l'espace. Avant de mourir, il charge les habitants de l'arche de rechercher les sujets parfaits qu'il a façonnés (n° 7).

Les voyageurs découvrent ensuite sur une planète désolée, l'existence d'un être géant à tête de faucon, Horus, vivant dans un vaisseau spatial pyramidal.

C'est lui qui, s'étant posé sur terre cinq mille ans plus tôt, a été considéré comme un dieu par les anciens Égyptiens. Il est le gardien de cette partie de la galaxie, veillant à ce qu'aucun envahisseur n'y pénètre. Absorbant « l'énergie vitale » des créatures qui l'approchent, il se prépare à un combat redoutable contre son adversaire légendaire, Seth.

Cet épisode est très proche de l'univers de Jeff Hawke (n° 11).

Une autre étape conduit les explorateurs sur un monde dont les habitants, parvenus à un haut niveau technologique, et ainsi délivrés des tâches matérielles, décident de créer un brouillard stupéfiant qui les délivre de toute préoccupation existentielle, et principalement de la peur de la mort.

Le protagoniste du récit délivre ses compagnons, hypnotisés par le brouillard, mais se refuse à en priver les occupants de cette planète, respectant leur choix (n° 12).

Dans un épisode suivant, l'un des personnages rencontre un être immatériel qui lui apparaît sous la forme d'une femme sublime pour tenter de le « captiver » et s'emparer de son énergie.

Ce thème n'est pas sans évoquer le récit antérieur « L'étrange Rexa » et plus encore la nouvelle « Shambleau » de Catherine L. Moore (n° 13).

Enfin le dernier chapitre présente un autre gardien qui, de la même manière qu'Horus, protège une partie de la galaxie contre toute intrusion étrangère. C'est ainsi que, cerveau gigantesque pourvu de capacités cérébrales exceptionnelles, il abuse par des projections mentales les terriens et les obligent à s'entre-tuer (n° 14).

Les autres épisodes sont classiques, faisant intervenir humanité sauvage (n° 8), pirates de l'espace (n° 9), monstre octopoïde (n° 10), astéroïde prison (n° 12, 2nd récit), partie d'échec géante (n° 13).

Ce space opéra est méconnu. Il s'approche pourtant, par ses thématiques, de Jeff Hawke de Sydney Jordan, Eric Souster et William Patterson.

II

Un épisode particulièrement riche en symboles présente une démarche originale, « Horus » (n° 11). Un extra-terrestre nommé Horus, que les Égyptiens anciens ont déifié, est un gardien veillant à la sécurité d'une assemblée de planètes, en particulier en s'opposant à une autre entité, destructrice celle-là, Seth.

Se posent là le sempiternel conflit, l'affrontement du chevalier et du malfrat, le combat du « Bien » et du « Mal » comme on le désigne, ressort dramaturgique par excellence, source première de bien des intrigues de récits.

Car l'auteur présente cet être, Horus, protecteur de ses semblables, donc bénéfique, comme devant absorber, pour entretenir son existence, l'« énergie » des formes de vie qui s'approchent de lui, quelles que soient les circonstances ou leurs intentions, volontairement ou par hasard.

Posé sur la terre il y a 5 000 ans, il a ainsi causé la mort de nombreux Égyptiens. Il met de la même façon en péril la vie des explorateurs du récit, en provoquant leur rapide vieillissement. Il ne peut contrevenir à cette fatalité à laquelle il est soumis, funeste pour d'autres êtres. « Bien » et « mal » ne sont pas dissociables et cohabitent chez le même sujet. Séparer bons et mauvais aspects en deux entités distinctes, ainsi Horus et son adversaire Seth, est illusoire, car Horus lui-même est porteur des deux caractères, bénéfique et maléfique à la fois. « C'est hélas ma condamnation. Tirer mon énergie, justement, des vies que je dois protéger » reconnaît-il (p. 65).

Cet aspect destructeur de l'entité est annoncé par l'auteur dès le début du récit par l'aspect aride de la planète où vit Horus, « une mer grise de désolation » (p. 52). « Même les arbres sont desséchés – C'est comme si un souffle de mort avait tout balayé. »

Le fait que Horus absorbe « l'énergie » des êtres vivants qui l'approchent, par conséquent le fait que, de par son propre maintien en vie, cet être commette des destructions alors qu'il a dans le même temps pour mission d'empêcher des destructions, pourrait, de façon symbolique, indiquer deux éléments : d'une part le fait que tout être vivant est fatalement un destructeur, nuisant à son environnement en y puisant des ressources ; d'autre part le fait que tout sujet, si respectueux de la vie soit-il, privilégie toujours la sienne et celle de ses proches et semblables au détriment de celle des groupes, animaux mais aussi humains, plus éloignés, ce que l'on nomme « égoïsme familial ».

Remarquons que son adversaire Seth n'est pas représenté dans le récit, comme si l'auteur avait précisément voulu attirer de manière privilégiée l'attention sur le « mal » intérieur que Horus porte en lui, faisant de lui une entité ambivalente, plutôt que sur un « mal » extérieur, séparé, monovalent, matérialisé par un autre être.


Le thème de « Horus » est repris dans une variante, « Le gardien de la galaxie » (n° 14). Les terriens rencontrent un autre gardien, à l'aspect d'un gigantesque cerveau, lui aussi chargé de protéger des systèmes planétaires.

Mais cette fois cet être n'a pas pour adversaire une autre entité menaçante. Ce sont les terriens eux-mêmes qu'il assimile à une intrusion. C'est contre eux qu'il déchaîne ses pouvoirs mentaux en les obligeant à s'entre-tuer.

Est reposée la problématique de l'ambivalence. Par identification, le lecteur considère les explorateurs venus de la Terre comme représentant le « bien ». Et même comme des victimes, puisqu'ils ont fui un désastre ayant anéanti le reste de l'humanité.

Mais pour cette entité, ils figurent le « mal ». Pour cet encéphale géant, c'est ce qu'il a pour mission de protéger, cette partie de l'univers, qui constituent la référence ; et ce sont les personnages du vaisseau qui composent un groupe extérieur, un clan intrusif, n'entrant donc pas dans son « égoïsme de clan » et au contraire s'y opposant.

Pour assurer le « bien », sauvegarder les planètes proches, le gardien doit éliminer les terriens, ce qui constitue le « mal » pour ces mêmes terriens. De leur côté, ceux-ci, croyant faire le « bien » en détruisant cet être manifestement agressif, font le « mal » puisqu'ils font disparaître une entité protectrice et mettent ainsi en péril d'autres peuples.

Avec « Horus » et « Le gardien de la galaxie » (n° 11 et 14), le scénariste Cristian Zentilini aborde donc à deux reprises et de front la complexe notion d'ambivalence. Pas mal, pour des scénarios de « petits formats ».

La thématique du conflit « Bien » - « Mal » revient dans un épisode ultérieur « Échec et mat », avec la métaphore du jeu d'échec, en taille humaine, de deux dieux, Éros et Thanatos, affrontement du camp « blanc » porteur de clarté et du camp « noir » et son obscurité (n° 13). Et l'idée de l'être qui, malgré lui, cause des torts à son entourage est traduite une nouvelle fois dans l'épisode suivant (n° 13, 2d récit). Un explorateur a contracté un virus lors d'une mission et, de retour au vaisseau-mère, il provoque la mort des femmes environnantes.

Parutions

  • Antarès (février 1979 à novembre 1979)
    • N° 5 : Et la Terre fut 34 pl.
    • N° 6 : L'étrange Rexa 20 pl.
    • N° 7 : Le cercueil de cristal 20 pl.
    • N° 8 : Un monde condamné 22 pl.
    • N° 9 : Les pirates de l'espace 22 pl.
    • N° 10 : Le monstre 20 pl.
    • N° 11 : Horus 20 pl.
    • N° 12 : La planète des condamnés 34 pl.
    • N° 13 : Échec et mat 34 pl.
    • N° 14 : Le gardien de la galaxie 20 pl.

Lien externe

Auteur de l'article

  • Dominik Vallet