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Oui, nous échangeons, c'est bien sympathique, mais comme je l'évoquais plus haut, l'exercice est plutôt vain, puisque qu'il n'est pas possible de revenir en arrière sur ce qui est fait.

C'est très dommage pour les nombreux documents qui resteront fort probablement définitivement inédits...

Tu viens de retracer dans ton message ton cheminement et tes recherches, que j'ai d'ailleurs suivis quasiment en temps réel, puisque je fréquente ce forum depuis plus de 20 ans, et qu'il se trouve qu'au cours des années nous avons plusieurs fois eu l'occasion de discuter au sujet de l'une ou l'autre de tes interrogations du moment...

Puisqu'on en est aux précisions, tu écris :"cet ouvrage est plus destiné à des amateurs des coulisses de la bd et ses journaux plutôt qu'à des lecteurs voulant en savoir plus sur les auteurs à cette époque", pour moi les deux attentes ne sont pas incompatibles. C'est sur la teneur des 'coulisses' que nos conceptions diffèrent.
Personnellement, la partie administrative et gestionnaire des coulisses m'intéresse très peu ; pas contre, la partie créatrice, artistique des coulisses (la création du contenu du journal, en fait) m'intéresse énormément.

Pour être encore plus précis sur le type d'étude de coulisses d'un journal que j'attends, c'est par exemple la monographie 'Yvan Delporte, réacteur en chef', où on voit les coulisses de Spirou avec les interactions humaines entre auteurs.

Tout compte fait en cet instant, je devrais pouvoir mieux décrire mon sentiment concernant ce livre que je ne l'ai fait jusqu'à présent.
Mon sentiment, c'est une certaine frustration. Ce livre dans le cadre choisi est très bien fait, très bien documenté, mais globalement, il décrit les préliminaires de la naissance de Pilote en long, en large, et en travers.
Mais QUE cela.

On arrive au bout des préliminaires, et STOP. Juste au moment crucial où tout va aboutir, où le journal va se mettre enfin à rouler, stop, le livre est fini.
Dans un monde idéal, on aurait voulu voir le bébé s'épanouir, faire ses premières dents, se mettre à marcher. Accompagner le développement de Pilote en survolant la fabrication de ses, peut-être, cinquante premiers numéros.

Je sais bien, la suite est relatée dans les monographies citées plus haut, mais ce n'est pas pareil...

Voila. Je crois que nous avons largement fait le tour, non ?

Exact le tour et même les détours
À présent j'attaque un ouvrage portant sur les n°0 de journaux et magazines jeunesses divers .
Je pense le concevoir en solitaire et cela devrait prendre entre 2 et 3 ans .
Bonne continuation à toi

Merci. De même, bonne continuation à toi aussi.

Jean-Louis a écrit : ↑jeu. 11 juil. 2024, 11:15 Merci. De même, bonne continuation à toi aussi.

Jean Louis
Bonjour
Juste une question , car une de tes remarques est des plus intéressantes.
Comment être sûr et certain que la photo de groupe a été colorisée.
J'ai possédé au fil des ans 6 Pilote Zéro originaux dont un en très bon état de conservation scanné en 1200 dpi,
Ils sont tous dotés d'une couv couleur et à l'agrandissement on distingue notamment sur les ombres de plis de vêtements ainsi que sur les coutures des mocassins de Goscinny des différences de tons impossibles à recréer par colorisation.
Il est vrai que le rendu dans notre ouvrage est bizarrement un peu plus "irisé" que l'original, surtout les visages un peu plus rouge rosé.
En cas merci et bonne journée .
Christian

Bonjour Christian,

Voici la photo en question :


Comment je vois que c'est une photo en noir et blanc colorisée ?
Je dirai que pour qui a eu l'habitude d'en voir, ça se voit du premier coup d’œil : les visages sont rouges/orangés, tous de la même teinte, alors que dans la réalité les gens n'ont pas tous le même teint. De plus, l'environnement est grisâtre, pas très lumineux, et on voit des visages éclatants, comme s'ils se trouvaient en plein été sous un soleil californien...

Et puis le contexte historique le confirme. Ce n'est que dans les années 70 que la photo couleur s'est démocratisée, et est devenue abordable.
Des journaux comme Vaillant et Pilote, quand ils publiaient des photos, celles-ci étaient en noir et blanc, colorisées si besoin de les mettre en couverture.
Jusqu'à la fin de années 60, c'était très fréquent d'avoir des photos NB colorisées à la main, avec des encres de couleurs transparentes.
Serge Gainsbourg, au début de sa carrière, complétait ses revenus en colorisant des photos pour des entrées de cinéma.

Bonne fin de journée,

Jean-Louis a écrit : ↑jeu. 08 août 2024, 14:38 Voici la photo en question :

Ok pour cela Jean Louis et merci pour ces précisions ,bonne continuation.

Jean-Louis a écrit : ↑jeu. 08 août 2024, 14:38 Bonjour Christian,

Voici la photo en question :





Comment je vois que c'est une photo en noir et blanc colorisée ?
Je dirai que pour qui a eu l'habitude d'en voir, ça se voit du premier coup d’œil : les visages sont rouges/orangés, tous de la même teinte, alors que dans la réalité les gens n'ont pas tous le même teint. De plus, l'environnement est grisâtre, pas très lumineux, et on voit des visages éclatants, comme s'ils se trouvaient en plein été sous un soleil californien...

Et puis le contexte historique le confirme. Ce n'est que dans les années 70 que la photo couleur s'est démocratisée, et est devenue abordable.
Des journaux comme Vaillant et Pilote, quand ils publiaient des photos, celles-ci étaient en noir et blanc, colorisées si besoin de les mettre en couverture.
Jusqu'à la fin de années 60, c'était très fréquent d'avoir des photos NB colorisées à la main, avec des encres de couleurs transparentes.
Serge Gainsbourg, au début de sa carrière, complétait ses revenus en colorisant des photos pour des entrées de cinéma.

Bonne fin de journée,

Jean Louis Bonjour

Voici l'interview des deux autres auteurs , il provient d'un autre forum et en fait ...résume ce que je n'ai su développer ici même .Je trouve que cela résume tout ce qui touche à l'esprit du concept de notre ouvrage chorale .




https://goscinny.1fr1.net/t329-pilote-l ... un-journal


Une somme, que dis-je une Bible de 320 pages pour tout connaître de la création du mythique journal Pilote, jusqu'à son rachat par Dargaud.
Un travail titanesque qui a demandé plusieurs années de travail à ses quatre auteurs.

Je vous propose une interview croisée de Clément Lemoine (qui a déjà publié des ouvrages sur Goscinny aux éditions La Déviation) et de Michel Lebailly (libraire de la mythique librairie Goscinny et créateur des éditions La Déviation) :

D'où vient l'idée d'écrire ce livre ?
Clément Lemoine : C'est un projet de Christian Kastelnik, qui rassemble des informations et des passionnés sur le sujet depuis vingt-huit ans. Son expertise est incontestable et il voulait en faire un livre de référence.


Avec les autres co-auteurs, comment vous êtes vous répartis le travail ?
Clément Lemoine : Chaque chapitre est une superposition de recherches et de rédactions successives, avec de nombreux repassages. Christian avait déjà posé beaucoup de choses. Patrick Gaumer a apporté sa connaissance de l'histoire de la bande dessinée, de Pilote, de Dargaud, et sa très riche documentation. Je suis allé voir du côté des archives. Michel a posé les problématiques et harmonisé la rédaction : c'est sa voix qu'on entend dans la majorité du livre.

Michel Lebailly : Clément ne s'est pas contenté des archives. Il a rencontré des familles de plusieurs protagonistes, déniché des documents et fait un énorme boulot de précision et de vérification. On a parlé de livre-chorale. On ne s'est pas réparti les chapitres mais nous avons en effet avancé par passages successifs, relectures, mises en commun. Sans aucune bataille d'égo ce qui est bien reposant. Et le tout étalé sur plusieurs années.


Quelles découvertes marquantes à vos yeux avez-vous faites en travaillant sur cet ouvrage ?
Clément Lemoine : D'un point de vue historique, et de mon côté, j'ai réalisé l'importance de ce premier Pilote, celui du Paris-Match de la jeunesse, qui est beaucoup plus qu'un avant-programme. Et dans le livre, une des choses les plus importantes à mes yeux est d'avoir reconstitué le parcours de Jean Hébrard, qui est des fondateurs celui qui a le moins parlé.

Michel Lebailly : Nous n'avons pas cherché LE scoop mais avons voulu être le plus complet et le plus précis possible. Mettre en évidence les conditions humaines, techniques, juridiques, financières, historiques qui ont permis la création de Pilote. Et donc d'Astérix. Le plus émouvant pour moi était de suivre l'itinéraire de ces hommes (très peu de femmes, c'était vraiment une autre époque) peu connus mais qui ont joué un rôle décisif . D'où viennent-ils ? Comment se sont-ils rencontrés ? Que sont-ils devenus ?


Avez-vous pu avoir accès à toutes les archives que vous souhaitiez, ou certaines informations vous ont-elles fait défaut ?
Clément Lemoine : Nous avons réussi à trouver beaucoup plus que ce que nous espérions, et à reconstituer la chronologie très précisément. Mais nous n'avons pas pu retrouver la fille de Raymond Joly, par exemple. Et il y a certains visages qui restent inconnus sur la photographie en une du numéro zéro.

Michel Lebailly : C'est sans fin. On voudrait toujours davantage d'informations. Mais enfin toutes les directions ont pu être explorées sans laisser de grosses zones d'ombre. Par exemple, pour la première fois le mécanisme juridico-financier suivant lequel Georges Dargaud a pris le contrôle de Pilote est décrit dans toute sa subtilité. Idéalement je rêverais de me plonger dans tous les livres comptables de cette époque pour encore davantage de précisions…


Avez-vous découvert des documents qui pourraient être utilisés dans un prochain livre sur Pilote ou sur ses auteurs, mais qui n'avaient pas leur place dans ce livre-là ?
Clément Lemoine : Nous n'avons rien caché de notre sujet. Même les relations humaines les plus douloureuses sont abordées. Mais il y aurait toujours des choses à ajouter car un récit en entraîne un autre.

Michel Lebailly : C'est un livre de référence et nous avons voulu y mettre tout ce que nous avons trouvé. Mais rien n'interdit à d'autres de continuer à explorer le sujet. Au contraire j'en serais très heureux.


Quels sont vos projets futurs en lien avec Goscinny et/ou Pilote ?
Clément Lemoine : Rien de très précis pour le moment.

Michel Lebailly : On n'en a jamais fini avec Goscinny. Mais là, il faut souffler un peu…


Enfin, comment avez-vous découvert Pilote et quel est votre lien affectif avec ce journal ?
Clément Lemoine : Sans doute d'abord dans les livres sur Goscinny, Profession humoriste et Guillaume et Bocquet.

Michel Lebailly : Un poil trop jeune pour avoir pu suivre l'hebdomadaire en direct je l'ai découvert avec un léger décalage temporel. Et notamment dans les recueils (très frustrants : il manque toujours le début ou la fin des histoires à suivre). Enfant il m'est toujours apparu comme un journal pour les grands. C'était le journal d'Astérix et j'y ai découvert la Rubrique-à-brac. Cela marque à vie (la preuve avec ce bouquin).

Merci à tous les deux pour ces informations sur les coulisses de ce beau livre !

Bonjour Christian,
J'ai déjà lu cette interview (je ne fréquente heureusement désormais pas que ce forum-ci, devenu pour moi bien frustrant sur le plan BD), mais merci de l'attention, et aussi cela pourra intéresser une partie des membres de Pimpf.

Incidemment, il ne faut surtout pas attacher de l'importance à ce que j'ai pu écrire ci-avant.

Quand on donne une appréciation, on rencontre le dilemme d'être partagé entre être sincère et ménager l'interlocuteur.
Ma nature profonde fait que je priorise la sincérité avant tout (et j'ai accepté d'en payer le prix plus d'une fois), quitte à arrondir les angles par la suite quand je vois que mes propos ont pu froisser une personne de bonne volonté (pour les autres j'assume).

Je me rends bien compte que la tâche était ardue, les sources indispensables à ce type d'ouvrage se raréfient, car les acteurs et témoins directs sont presque tous morts.
De plus en plus, ce genre de recherche ne pourra plus ne se faire qu'à partir d'archives, forcément lacunaires sur bien des points.

C'est un gros travail que tu as réalisé, avec passion et sincérité. Le résultat ne pouvait pas être exhaustif, mais il rajoute des pierres à l'édifice.
C'est tout ce qu'il faut voir.

Comme dit l'autre, la critique est aisée mais l'art est difficile.

Merci beaucoup Jean Louis