Nutello a écrit :
Plus je réfléchis à la chose, plus je suggère là un point crucial :
dans notre pays et sa manière de culture, son éducation littéraire par la scolarité et les media, sans nom d'auteur point de salut durable pour l'oeuvre noyée dans le nombre, puisque personne ne pourrait rien en dire.
Le PF, entre autres raisons, mort de son anonymat de masse ?
Cette raison n'aurait-elle pas été à elle seule suffisante ?
Pour une fois, je ne souscris pas pleinement à ce que tu dis et te rejoins dans ton message de 11h41.
Je pense qu'un gamin de 8-12 ans, lorsqu’il lit une BD, cherche une évasion. Que l'histoire soit "créditée" me semble très éloigné des considérations d'un bambin. L'apogée du PF se situe de 1950 à 1975 (grosso modo). Le PF est très marqué dans cette période. Il répond aux attentes du lecteur. La Science fiction se vulgarise, le western est à son summum, la guerre fait écho à un passé récent, le super-héros bénéfice du 2eme souffle initié par Marvel face aux super-héros "proprets" de DC qui correspondaient aux attentes d'avant guerre.
En 70 peu de lecteurs de Fantask ou Strange étaient en capacité de te parler de Ditko, Kirby ou autres. Pourtant ce genre perdure. Si des Buscema, Byrne n'avaient pas relayé, les Ditko et Kirby seraient oubliés.
Si le PF avait accompagné les évolutions de la société dans ses attentes (Scenario, dessin) il me semble qu'il aurait perduré. Des anonymes des 1ers temps, nous discuterions aujourd'hui d'auteurs passés à une postérité plus partagée.
mario a écrit :
nano a écrit :
Pour la connaissance des à coté (auteurs, éditeurs...) les forums attisent la curiosité, les membres comblent sans verg(e)ogne les trous. C'est finalement avec ce type de média que la culture BD progresse, un lupanar de la pensée.
C'est la seule chose sensée que tu écris.
Vois le comme une volonté d'auto-censure de ma part. Je ne veux pas subjuguer l’ensemble de la communauté de par le caractère parfaitement abouti de tous mes raisonnements. Il faut que je baisse mon niveau pour rester à portée de ta compréhension. En ce sens je garde un pied dans la masse laborieuse.
Nutello a écrit :mario a écrit : Il est trop tard pour ressusciter le PF. Pas pour réhabiliter le travail des artistes du PF.
Pour en étudier le contenu (comme tu le fais) et en faire la chronologie.
Pimpf sert à ça, entre autres choses.
N'est-ce pas le sort des cultures populaires d'être sans cesse remplacées par de nouvelles formes effaçant les précédentes ?
Et n'est-ce pas la préoccupation que de quelques érudits de s'intéresser aux cultures populaires défuntes ?
Si on établit un instantané à "l’instant T", sans doute. On pourra découper cette culture en séquence en découpant le peuple qui la soutient.
Si on considère la culture populaire comme la culture provenant du peuple (le plus grand nombre). Elle accompagne le peuple dans sa continuité.
Elle est en constante évolution mais demeure un léviathan unique.
J'ai tendance à penser cela. Le communiste de 46 est différent du communiste de 2016. Celui de 46 est il une entité propre en rupture ou s'agit t'il d'un substrat encore présent dans le (rare) communiste de 2016. Révolution ou évolution, les 2 se plaident.
Jean-Louis a écrit :[
Ce sont des gens comme Goscinny qui se sont démenés pour faire reconnaître le statut d'auteur à part entière, y compris pour les scénaristes (dont le rôle était minoré, et considéré comme négligeable).
Goscinny était un génie. Chaque année passant le rend un peu plus intemporel. L'ensemble de son œuvre peut être lu et relu aujourd’hui avec le même émerveillement. Lecteurs des 1eres heures, comme lecteurs d'aujourd'hui.
Ce sont les génies qui provoquent les changements. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser Goscinny, scénariste avait le rôle parfaitement adapté.
Le scénariste est pour 90% dans la réussite d'une BD. L'histoire prime et primera toujours. A défaut la BD se confondrait avec l'illustration.
C'est la qualité de l'histoire qui fait que le lecteur va entamer son adaptation ou pas au style graphique.
Dufaux qui fait également partie de ces scénaristes de génie (pour moi) a fait émerger des Delaby, des Renaud et quantité d'autres dessinateurs aux styles hétérogènes.
Y avait il dans le monde des PF des scénaristes de ce calibre?
Si le franco-belge n'avait pu s'appuyer sur du Goscinny, Franquin, Hergé, le franco-belge serait il dans la situation prédominante d'aujourd'hui?
Pourquoi un Pratt est sorti du PF pour réussir dans le FB?
Y a t'il d'autres exemples dans le PF? Et si oui n'est ce pas la qualité de conteur ou la rencontre opportune avec un scénariste qui a permis cette extraction?
mario a écrit :
Je pense que la BD est un art supérieur à celui -tout à fait respectable au demeurant- de l'imagerie des boîtes de fromage. La BD suscite toujours l'intérêt et beaucoup s'intéressent à son histoire.
Et pourtant, le peuple mange du fromage pour avoir les boîtes. Le peuple ne mange pas de BD.
Le pain prime sur les jeux.
Le pain est la survie nécessaire pour envisager autre chose, si possible...
Ton assertion est anti-masse laborieuse. La BD reste un loisir possible uniquement si le peuple mange du fromage.
Mario, tu t'embourgeoises...
mario a écrit :
Mais bon, les foules et les jeunes sont comme les taureaux dans l'arène, ils ne voient que le chiffon que l'on agite sous leurs nez.
C'est la négation de la culture populaire qui, quelque soit son orientation puise sa légitimité dans la conscience de la masse.
Tu penses la masse manipulée et voudrais remplacer cette "conscience dirigée" par les média et les élites, par ta propre conscience.
Tu penses savoir ce qui vaut mieux pour le bien du peuple à la place du peuple.
Mario, tu "t'aristocratises."