Un peu d'Histoire… [Le Jeune Patriote, Mon Camarade, Les Petits Bonhommes]

[Nasdine Hodja]

On ne peut pas parler sérieusement de Mon Camarade sans revenir chronologiquement un ou deux pas en arrière. Avant même Le Jeune Camarade, l'un des deux titres pour la jeunesse a ne pas être marqué du sceau du patronat ou de l'église était le journal illustré Les Petits Bonhommes dont la première mouture fut lancée début 1911 par l'architecte et pédagogue Léon Clément officiellement sous l'égide de la Ligue Ouvrière de Protection de l'Enfance mais officieusement grâce au soutien actif de plusieurs syndicats de gauche et de L'Humanité. Ce journal principalement animé par Guy Tourrette partagea un temps les locaux de La Vie ouvrière au 96 quai Jemmapes dans le Xe arrondissement de Paris. Son objectif affiché était de fournir une presse de qualité aux Hussards noirs de la République afin de former idéologiquement les enfants des masses ouvrières dont, espérait-on, les futurs cadres des mouvements prolétariens. La première Guerre mondiale mit un terme à cette aventure. Les Petits Bonhommes renaîtront en 1922 à l'initiative d'un groupe d'instituteurs. Ils feront faillite suite à des malversations financières (déjà ! ). Cette deuxième mouture est bien plus intéressante pour nous car outre Calvo, on trouve surtout la signature de Raymond Cazanave qui, vous vous en souvenez probablement, fut l'un premiers collaborateurs de Vaillant :

[Nasdine Hodja]

Voilà quelques pages intérieures de ce journal :

[Teddy Ted]

Nasdine, tu as aussi le numero du mois d'octobre ou novembre 1922, de ce journal ?

[Nasdine Hodja]

Nasdine, tu as aussi le numero du mois d'octobre ou novembre 1922, de ce journal ?

Malheureusement non. Pourquoi cette question ? Cette date a une signification particulière pour toi ?

[Teddy Ted]

Nasdine, tu as aussi le numero du mois d'octobre ou novembre 1922, de ce journal ?

Malheureusement non. Pourquoi cette question ? Cette date a une signification particulière pour toi ?

Oui, c'est ca.

[Nasdine Hodja]

Un autre numéro toujours avec une couverture de Cazanave. Comme vous pouvez le constater en comparant avec le précédent exemplaire, la numérotation reprenait chaque année :

Un superbe strip animalier extrait des pages intérieures où l'on apprend que le partage et l'union permettent de surmonter l'adversité :

Ainsi qu'un texte adressé aux lecteurs qui nous éclaire sur l'état d'esprit de l'équipe rédactionnelle mais qui laisse supposer également que le journal rencontrait des difficultés financières :

Le responsable mentionné dans l'article était probablement l'administrateur Roland Gagey. L'hebdomadaire siégeait au 1 rue Désirée dans le XXe arrondissement de Paris. L'abonnement coûtait 9 francs pour 6 mois ou 16 francs par an.

[Nasdine Hodja]

...Vaillant a lui-aussi connu des difficultés financières et a fait appel à ses lecteurs - dont le petit Alain Krivine - pour renflouer quelque peu les caisses vides...

Ah bon ?

[Nasdine Hodja]

Pour en revenir aux Petits Bonhommes, outre Cazanave, Calvo et Aristide Perré, on trouve aussi de nombreuses illustrations de Jean Bray qui est surtout connu comme dessinateur politique. Ses dessins d'actualité ont émaillé la plupart des quotidiens nationaux de Gauche avant la Seconde Guerre mondiale. Sa signature disparaît brutalement de la presse écrite fin 1940 laissant présager le pire :

[Nasdine Hodja]

Le 25 août 1946, en prélude à son premier congrès national au palais de Chaillot, l'Union de la Jeunesse Républicaine de France - dont Vaillant est l'une des publications - organise une grande "Marche vers l'avenir" dans les rues de la capitale. D'après la propagande de l'époque 200 000 parisiens enthousiastes assisteront à ce magnifique défilé :

[Nasdine Hodja]

Ce qui a surtout retenu mon attention, c'est cet entrefilet publié dans le journal L'Avant-Garde qui rend compte d'une partie du défilé. Je vous laisse découvrir la petite surprise mentionnée dans l'article...

[Totoche]

Un beau chariot

Il y a une photo dans Vaillant avec un chariot mais je ne sais pas avec quels personnages.

[Nasdine Hodja]

...il y a une photo dans Vaillant avec un chariot mais je ne sais pas avec quels personnages.

Tu peux retrouver l'image ?

[Totoche]

Je verrai ça ce soir.

[Nasdine Hodja]

Les titres publiés par l 'U.J.R.F. sont :

L'Avant-Garde pour les jeunes travailleurs.
Conquête pour les étudiants.
Filles de France pour les adolescentes.
Horizon pour les jeunes ruraux.
J pour les adolescents (titre un temps pressenti lors de la transformation du Jeune Patriote en Vaillant) .
Vaillant pour les enfants.

Si vous en voyez dans les brocantes, jetez un coup d'œil à l'intérieur car il peut y avoir des interactions intéressantes avec Vaillant.

[Totoche]

J'ai retrouvé un véhicule avec Placid et Muzo, mais qui ne correspond pas avec cet article. Mais bon !

V 378

Puisque nous en sommes dans les adaptations personnelles, voici quelques images tirées du Vaillant 583 dans lequel les lecteurs rendent hommage à leurs z'héros préférés.

V 583

[Nasdine Hodja]

J'ai retrouvé un véhicule avec Placid et Muzo, mais qui ne correspond pas avec cet article...

C'était probablement dans le même esprit.

[Nasdine Hodja]

Un autre exemple d'interaction amusante.
Dans la rubrique enfant de L'Humanité du 25/07/46, on pouvait découvrir cette annonce :

Placid(e) ?

Annonce qui donnait envie de se procurer au plus vite le numéro de Vaillant sortant le même jour :

Le fin mot de l'histoire.

[Bob Morane]

Annonce qui donnait envie de se procurer au plus vite le numéro de Vaillant sortant le même jour :

Et qui donne toujours envie de se le procurer

[Nasdine Hodja]

On n’en a jamais parlé mais s’il y a eu un Jeune Patriote c’est bien qu’il existait de manière concomitante un Patriote tout court. Non pas un Patriote unique mais plutôt un réseau de journaux né dans une même mouvance de La Résistance. La période de la clandestinité achevée, ces journaux ont cherché à perdurer en s'implantant localement dans les principaux centres ouvriers de l’époque tout en conservant l’idée d’une toile nationale. Ces quotidiens sont intéressants pour nous car ils relayeront en province les travaux des dessinateurs de L’Humanité et se feront parfois l’écho de Vaillant. Nous avions déjà évoqué le cas du Patriote de Saint-Étienne. Voici la photo d’une de ses antennes. Il y a une dimension symbolique particulière dans ce cliché car il s’agit de l’agence de Vichy dont le règne venait de s’achever.

Vichy. Ancienne rue de Paris, aux abords de la gare.

[Totoche]

... Nous avions déjà évoqué le cas du Patriote de Saint-Étienne. ...

ça ne nous rajeunit pas !