Bon, on embraie sur la dernière vieillerie que j'ai (re)découvert par hasard :
La Maison aux mille étages de
Jan Weiss.... Roman de science-fiction écrit par un auteur tchèque, en 1929 ! Donc, oui, la chose est datée, et assez curieuse...
Il semble que Jan Weiss soit très peu connu en Francophonie, et ait été très peu publié. Mon propre exemplaire du roman a été publié aux Éditions Rencontre, au début des années 1970 ( et avec une préface de l’ineffable
Jacques Bergier ! )
Le livre se présente comme une série de courts chapitres, racontant les pérégrinations du héros -
Pierre Brok - dans « MullerTown », une espèce de gigantesque labyrinthe sensé atteindre ( au moins ) un millier d'étages... L'affaire semble commencer mal, puisque le bonhomme s'y réveille rendu amnésique (!) pour une raison inconnue. Toutefois, Pierre Brok découvre vite qu'il a un pouvoir acquis par une méthode toute aussi inconnue : il est totalement invisible.
Pierre Brok doit donc découvrir, en même temps que le lecteur, qui il est réellement, la raison de sa présence à MullerTown, et pourquoi il est invisible... Dans sa préface Jacques Bergier explique que ce roman est du genre prophétique : Jan Weiss y décrit un monde tombé sous la coupe d'un tyran aussi riche que puissant -
Muller - un individu détestable qui règne sur une armée de larbins.
MullerTown est une caricature du genre d'univers concentrationnaires qui caractériseront le 20e siècle. Tout le monde y est prisonnier, d'une manière ou d'une autre, aussi bien les sbires de Muller que les travailleurs-esclaves. En 1929, ce n'était encore qu'un cauchemar... Mais, le personnage de Muller, dictateur paranoïaque se faisant passer pour un Dieu, annonce la couleur de ce qui devait arriver. Muller est extrêmement riche et extrêmement corrompu ; Muller rêve d'immortalité et de toute-puissance, donc il se fait diviniser.... Aucun amour chez lui pour son « peuple » : il est le Maître et les autres ne sont bons qu'à le servir.
Et même si la révolte gronde dans MullerTown, Pierre Brok l'invisible aura bien du mal à renverser Muller...
Un livre daté, donc, mais qui reste, près d'un siècle plus tard, étrangement d'actualité.
“La barbarie est l'état naturel de l'humanité, [...]. La civilisation n'est pas naturelle. Elle résulte simplement d'un concours de circonstances. Et la barbarie finira toujours par triompher.” ― Robert E. Howard.