CRISWEL a écrit : ↑lun. 14 janv. 2019, 11:30
Septimus est le paranoïaque, qui cherche à supprimer tous ceux qui ont pu faire obstacle à sa mégalomanie. Il ressemble plus à Staline qu'à Hitler : on est dans la rationalité, pure au point de se transformer en folie. Dans le Cabinet du docteur Caligari, le somnambule César est manipulé par la suggestion: on est dans une forme de pré-freudisme. Olrik, lui, est manipulé par la science et la technique : on est déjà dans les neuro-sciences...Le spiritisme est remplacé par le scientisme: les nouveaux maîtres du monde ne sont plus que des experts paranoïaques au verbe glaçant.
Olrik est devenu un Guinea Pig : il n'y a plus de place pour lui dans ce monde sans idéal et sans épopée. Jacobs le sentira bien et tentera un album, Le Piège diabolique, sans Olrik, et ne le fit revenir dans le suivant que sous la pression des lecteurs.
Dans l’œuvre de Jacobs, Septimus est certainement le « méchant » dont la personnalité est la plus développée...
Basam-Damdu est un archétype de dictateur mégalomaniaque, bouffé par la soif de toute-puissance. Le professeur Miloch est un génie scientifique bouffé par une soif de vengeance, suite à ses déboires avec Mortimer. Olrik est fondamentalement un aventurier opportuniste, sans scrupules.
Septimus transcende tout ça... C'est un gentleman, intelligent, brillant et même génial. Dans une époque différente, ses théories révolutionnaires auraient sans doute rencontré un autre accueil. Sauf que là, dans les années 1920, le livre qu'il écrit ( sous un pseudonyme ) ne rencontre que sarcasmes et hostilité...
Bref, c'est un échec qui le traumatise profondément, au point de le pousser à s'exiler, alors qu'en réalité personne ne sait qu'il est le véritable auteur de
The Mega Wave. Et là, Jacobs dépeint parfaitement une personnalité très sensible, et plus fragile qu'elle n'en a l'air : Septimus est incapable de supporter l'échec. Il ne digérera jamais son expérience, malgré les années et les évènements ( en théorie deux guerres mondiales quand même ) qu'il traversera.
D'après mes souvenirs, des psychiatres se sont penchés sur
La Marque Jaune et trouvaient que Septimus était un personnage de malade mental très crédible... Septimus a sombré progressivement dans un délire paranoïaque. Il croit qu'il est la victime d'un vaste complot, et il veut montrer à ses ennemis qu'il est le plus malin. Tout dans l'album montre qu'il est devenu une graine de dictateur : soif de vengeance, mais également soif de toute-puissance...
Avec une volonté de fer ( bien que malade ), et une intelligence « diabolique », Septimus aurait été capable de plonger la Grande-Bretagne dans une ère de terreur. Avec habilité, Jacobs présente Blake et Mortimer comme les seuls adversaires sérieux, capables de l'arrêter. Ils sauvent la Grande-Bretagne, mais - par la même occasion - le monde civilisé... Car, dans l'esprit de Jacobs, il n'y a qu'une seule puissance mondiale digne de ce nom.
“La barbarie est l'état naturel de l'humanité, [...]. La civilisation n'est pas naturelle. Elle résulte simplement d'un concours de circonstances. Et la barbarie finira toujours par triompher.” ― Robert E. Howard.