Vous continuez de botter en touche en réduisant l'intérêt et l'importance de la recherche documentaire dans une BD (et dans Buck Danny en particulier).
Or, je ne parle que d'une chose : les salades racontées par Charlier nous faisant croire, dans des articles et dans des interviewes, que la documentation dans ses histoires était "
rigoureusement exacte" (sic ; c'est une autre expression récurrente chez lui).
BDFan a écrit :Certes il peut être intéressant de chercher la véracité de tel ou tel modèle d'avion, de tel ou tel uniforme ..... mais il ne faudrait pas que cela nous retire la magie ni l'envie de lire pour la xième fois ces albums.
Rien à voir. Ni la magie ni l'envie de relire Buck Danny ne nous seraient retirées si les histoires étaient les mêmes, avec les mêmes dessins et les mêmes scénarios et dialogues, mais avec une documentation plus sérieuse. J'ajoute : ce serait encore plus magique et passionnant si, en vérifiant, on s'apercevait que les scénarios et les dessins sont bien documentés.
Lord Foxhole a écrit :Après vérification sur le Net, je constate que le Grumman F-11 Tiger (l'appareil auquel tu fais allusion au sujet du Pilote au masque de cuir ) n'est effectivement pas biplace.
Tu as raison de te méfier de ce que je raconte... Maintenant, vérifie si - par exemple - les grandes portes arrière d'un avion de transport militaire Noratlas s'ouvrent en vol. En effet, elles ne peuvent pas s'ouvrir en vol et tu ne trouveras aucune photo montrant ça, or, c'est le noeud du scénario La terreur vient du ciel de Tanguy & Laverdure. Et le fait que les portes arrière ne peuvent pas s'ouvrir fiche tout le scénario par terre ! (
cf. ce que j'ai raconté par le texte et l'image sur BD Gest, dans le topic dédié).
Lord Foxhole a écrit :Et j'ai presque envie de dire «
Bon, et alors ? »...
"
Presque" ?
Lord Foxhole a écrit :De fait, Charlier ou Hubinon - ou Charlier et Hubinon ensemble - se sont plantés sur ce coup-là (peut-être ont-ils confondu avec un autre modèle de l'époque).
C'est embêtant pour une BD censée être documentée et alors que la scène dure plusieurs planches et est une des péripéties principales de l'histoire, puisque cet avion est le moyen utilisé par Lady X (déguisée en pilote des Anges Bleus) pour se débarrasser de Buck Danny, son ennemi intime... Ce n'est pas rien...!
Lord Foxhole a écrit :On en revient à ce que j'avais dis au sujet du problème du scénariste... Ce n'est pas qu'il n'a pas le temps de se documenter, le problème est qu'il faudrait vérifier chaque détail.
Un détail, le fait que l'avion Tiger biplace n'existe pas ? Alors que... (bref, relire mon commentaire juste au-dessus).
Lord Foxhole a écrit :D'où un allongement considérable du temps consacré à l'écriture.
A l'écriture ? Cela prend une minute de vérifier si l'avion Tiger biplace existe ou non, en regardant une fiche technique que les auteurs doivent avoir sous la main pour réaliser une telle série, aussi emblématique et ciblée, que Buck Danny. Mais tu ne parles pas du temps consacré au dessin : il va de soi que quand Hubinon a vu qu'il devait dessiner un avion Tiger biplace, il a bien dû se rendre compte qu'il n'en avait pas de photos, et il a dû inventer. D'où : temps perdu à chercher quelque chose qui n'existe pas... et temps perdu à imaginer par le dessin un avion fictif, ce qui, a priori, est plus compliqué, pour ne pas se planter d'un angle de vue à un autre, que si Hubinon avait eu les bonnes photos sous les yeux. Si, pris par son emploi du temps surchargé, Charlier n'a pas su que le biplace n'existait pas, Hubinon, en cherchant dans sa doc, l'aurait averti qu'il y avait un problème...
Mais résumer les erreurs documentaires de l'avion Tiger à ce seul cas d'un biplace qui n'existe pas permet d'éluder le problème plus général : les avions Tiger (monoplaces) dessinés dans le reste de la BD sont faux également ! (là encore, voir ce que j'ai pu en dire sur BD Gest). Pour une BD censée raconter et mettre en scène l'avion des "Anges Bleus", ça fait plus que bizarre... Sachant que pendant deux albums, on va le voir sous tous les angles, la moindre des choses aurait été de se procurer une bonne fois pour toutes un lot de photos, ainsi que des plans (toutes les revues d'aviation en publient), pour pouvoir le dessiner au mieux...
Pour t'éviter de te farcir de nombreuses pages de BD Gest, je te cite juste un exemple d'erreur - et même de double erreur -, touchant encore au Tiger (comme quoi le scénario de Charlier accumule les approximations) : le thème de l'histoire veut que les Américains vont essayer de vendre l'avion Tiger au Pakistan. D'où l'envoi des avions d'acrobatie aérienne des Blue Angels, qui vont en mettre plein la vue aux Pakistanais. "Léger" problème : au moment où la BD a été réalisée, l'avion Tiger n'était plus l'avion des Blue Angels. C'est dommage, pour une série dont on a souvent dit qu'elle était à l'avant-garde de l'actualité. Mais surtout, le Grumman F11 Tiger était un avion sans intérêt, que les Américains n'ont réussi à vendre à aucun pays ! Jamais l'Armée de l'air pakistanaise ni quelle que Armée de l'air étrangère que ce soit sur la Terre n'en aurait voulu !
Je résume : voilà un avion mal représenté, doté d'une version biplace qui n'existe pas, plus en service au sein des Blue Angels et dont personne ne veut. Et ni Charlier, ni Hubinon, grands spécialistes devant l'Eternel, ni les consultants des auteurs (Charlier était proche et même ami du rédacteur en chef de la revue
Aviation Magazine, Jacques Gambu, dont on voyait la signature pendant des années dans
Pilote) n'ont eu connaissance de ces données essentielles ? (essentielles dans le cadre d'une série d'aviation militaire pointue, j'entends).
Lord Foxhole a écrit :Or, à la belle époque, Charlier et Hubinon devaient produire au minimum un ou deux albums par an (on peut vérifier : 18 albums sur 10 ans, entre 1948 et 1958).
"
devaient" ? Plein d'autres auteurs sortaient leurs albums à un rythme moins endiablé. En plus, parallèlement à Buck Danny, Hubinon, avec ou sans Charlier, a sorti d'autres histoires (dans l'ordre, et j'en oublie : Tarawa, Surcouf, Mermoz, Pistolin...), ce qui fait qu'ils réalisaient largement plus de deux albums par an... Or, tu connais l'adage : "
Qui trop embrasse, mal étreint"... Rien que ça, ça aurait dû mettre la puce à l'oreille des lecteurs...
Et je répète : dans ces conditions, pourquoi Charlier prétendait-il qu'il se documentait à fond ?
Lord Foxhole a écrit :Étant donné qu'il fut un temps où la bande dessinée n'étaient pas vraiment considérée comme un Art, et que les auteurs de BD étaient vu plus comme des saltimbanques que comme des artistes respectables.
D'autres auteurs, dans le même contexte et à la même époque, étaient plus sérieux dans leur documentation...