Casterman en révolte contre Gallimard
Posté : mer. 14 nov. 2012, 17:06
Actuellement, le torchon brûle entre les auteurs de Casterman et leur nouveau patron, Antoine Gallimard.
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http://www.lesoir.be/119629/article/cul ... -castermanCrise d’auteurs chez Casterman
Dans une lettre ouverte adressée à Antoine Gallimard, le nouveau propriétaire des éditions Casterman, les plus grands noms de la bande dessinée franco-belge menacent de quitter la maison et d’aller publier leurs albums ailleurs. Leur départ serait une catastrophe économique pour l’éditeur.
Dans une lettre ouverte adressée, hier soir, à Antoine Gallimard, le nouveau propriétaire des éditions Casterman, les plus grands noms de la bande dessinée franco-belge, rejoints par les ayant-droits des œuvres d’Hergé, Fanny Rodwell, et d’Hugo Pratt, Patricia Zanotti, menacent de quitter la maison et d’aller publier leurs albums ailleurs. Parmi ces créateurs célèbres figurent notamment Enki Bilal, Philippe Geluck, François Schuiten, Jacques Tardi ou Didier Comès, autant d’auteurs dont l’intégralité de l’œuvre appartient actuellement au catalogue de Casterman. Leur départ serait une vraie catastrophe économique pour l’éditeur.
« Monsieur,
Nous, auteurs des Éditions Casterman avions accueilli avec intérêt, voici quelques mois, l’idée d’un rachat de Flammarion/Casterman par Gallimard. Cette solution, venant d’un éditeur respectable, ne pouvait que nous séduire.
Le 6 juin, c’est avec beaucoup d’inquiétude que nous avons découvert dans « Les échos » votre déclaration annonçant que, même si Casterman était « un joli joyau » Gallimard pourrait être contraint, « dans un contexte de crise », de le vendre pour faire face à ses échéances.
Pendant les semaines et les mois qui ont suivi, rien n’a été fait pour nous rassurer. Aucun contact n’a été pris avec nous, ni individuellement ni collectivement. Aucun projet éditorial ne nous a été présenté.
Le 8 novembre, nous avons appris brutalement, et avec consternation, par une dépêche AFP, la démission de Louis Delas et la situation qui l’y avait contraint. Depuis plus de douze ans, il était l’artisan du redressement et du développement de la maison Casterman. Chacun de nous avait appris à lui faire confiance, ainsi qu’aux équipes qu’il avait su réunir autour de lui.
Aujourd’hui, devant le mépris dont les auteurs Casterman font l’objet de votre part, nous avons le triste sentiment d’avoir été instrumentalisés en vue d’un transfert purement capitalistique. Nous n’avons, ni l’envie de nous compromettre dans un projet qui ne nous ressemble pas, ni l’intention de servir de « vaches à lait » à une quelconque trésorerie.
Si par hasard vous avez oublié que sans auteurs, il n’y a pas d’éditeur, nous vous le rappelons aujourd’hui. Et c’est sous d’autres cieux éditoriaux plus amicaux que certains d’entre nous publieront sans doute leurs prochains albums.
À moins que…
La réponse de Gallimard aux auteurs de Casterman
Suite à la lettre ouverte de plusieurs auteurs Casterman, propriété de Gallimard, menaçant de quitter la maison, Antoine Gallimard répond… chaudement.
La lettre du PDG de Gallimard commence ainsi : « Vous m’avez adressé une lettre publique où vous laissez entendre que l’éditeur de littérature que je suis n’est qu’un entrepreneur cynique et inattentif à vos préoccupations. (…) Je ne me reconnais pas dans cette caricature »
Les principaux auteurs de Casterman dont Bilal, Geluck, Tardi et les ayant-droits d’Hergé et d’Hugo Pratt, ont en effet menacé de quitter la maison suite aux changements effectués par Gallimard, qui a racheté Casterman le 5 septembre, et l’absence de communication de celui-ci.
« Vous me reprochez de ne pas être venu vous voir plus tôt pour vous rassurer sur le devenir de Casterman. Mais c’est précisément par respect pour la direction éditoriale de Casterman, et donc de Louis Delas, que je me suis abstenu de le faire »
Antoine Gallimard souligne que la proposition « faite par L’Ecole des loisirs, propriété de la famille Delas, de racheter la moitié des parts de Casterman » était motivée « par le souhait de Louis Delas de conserver la direction de Casterman, tout en prenant la présidence et la direction de son groupe familial ». « Je n’accepte pas de porter la responsabilité de la décision de Louis Delas de rejoindre le groupe de son père. Cette décision était prise depuis longtemps », écrit-il.
Interrogé par Livres Hebdo, Antoine Gallimard réaffirme qu’il n’a « pas l’intention de vendre Casterman ». « 50/50 avec L’Ecole des loisirs, cela ne m’a pas paru possible car Casterman est très inscrit dans Flammarion et qu’une gouvernance à deux aurait été compliquée ».