Le tournage du 2 a repris il y a pas longtemps.
Surtout qu'il est prévu d'en faire 5.
Les titres des 5 avatars, les histoires, les technologies qui vont être utilisées, de qui s'est entouré James Cameron, etc.
Tout est dit dans cette vidéo vraiment intéressante.
Je pense que James, surtout que c'est son projet, son bébé, ne va pas nous décevoir.
Vu parce que ma filleule avait envie de le voir avec moi.
Je suis assez étonné de l'engouement subit du public pour un film, même longtemps attendu, comme récemment la suite tardive de Top Gun, et pour ce second opus de la saga au succès programmé de James Cameron.
Étonné aussi qu'après plus de 8,2 millions d'entrées en France à ce jour, le film continue à remplir des salles de multiplexes (j'ai vu le film ce jeudi soir à 19h00 dans un UGC en 3D et VO), d'autant que sans abonnement ou carte de cinéma, le prix de la place est exorbitant (par exemple 22.60€ dans le Pathé de ma ville), et ce malgré ses plus de trois heures.
Parlons-en d'ailleurs de cette durée. Le premier constat, c'est que même dans des multiplexes, la plupart des fauteuils de cinéma ne sont pas calibrés pour un confort optimum durant trois heures. Suivant la corpulence, la taille ou l'âge du spectateur, des douleurs localisées essentiellement aux genoux ou au postérieur font s'inviter elles aussi à la séance. Ce n'est pas pour rien que l'on conseille de faire des pauses toutes les deux heures quand on conduit ou qu'on télétravaille.
Le vision du film est de plus, après deux heures passées, régulièrement gênée par des personnes dont la vessie n'est pas calibrée pour une telle durée, d'autant plus quand les mêmes se gavent de sodas en bouffant leur popcorn...
Une durée qui aurait pu être d'ailleurs facilement réduite, car Cameron aime tellement l'univers qu'il a créé qu'il étire en longueur des scènes durant lesquelles il ne se passe rien d'autre à l'écran que des panoramiques sur des paysages, des scènes d'envol ou de nage avec des créatures, et quand il se passe quelque chose, ça tire aussi parfois en longueur, notamment l'inévitable affrontement final et ses conséquences, qui a des soucis de timing assez perceptible.
Mais faut-il pour autant le déplorer ? Pas forcément. Il est vrai que les scènes clairement mises en avant pour valoriser l'univers imaginaire du Monde des Na'vi dans une configuration 3D offrent une réelle immersion sensitive et visuelle au spectateur si tant est qu'il ne soit pas allergique au procédé. C'est le genre de film dont la magie ne fonctionne qu'en salles, car perdant nettement de sa puissance ramené sur un écran de télévision, même géant, laissant alors loisir aux défauts du film de mieux se mettre en valeur.
Car, il faut bien dire, malgré son énorme et incontestable bagage technique et sa vision cinématographique indéniablement orientée vers le plaisir du spectateur, James Cameron est nettement moins doué à l'écriture, et pas très original. On se rappelle du premier opus, qui nous refaisait Danse avec les loups, mais au pays des Schtroumpfs géants, ne proposant guère d'enjeux scénaristiques malgré les intentions louables (mais un peu balourdes) de l'auteur à vouloir nous sensibiliser sur les enjeux écologiques de notre planète à travers une fable (gentiment) dénonciatrice : l'Homme a détruit son environnement natal, et s'il en découvre un sain, il le détruira aussi, moins par instinct de survie que par profit. Comme on est dans l'imaginaire, on peut donc dénoncer sans montrer du doigt, en restant vague sur les dénoncés via des notions générales comme l'industrie ou l'armée.
Bien entendu, cette suite creuse les mêmes sillons, une sorte donc de bis repetita creux, mais dans l'ère du temps pour les jeunes et qui visiblement a porté vu le succès constaté. Mais une fois qu'on a dit cela, on n'est pas plus avancé. Cameron, vieux briscard de l'industrie (oui, il est bien gentil, mais tous ses gadgets à filmer et à effets spéciaux, ça a aussi une empreinte carbone non négligeable et participe à une industrie, de loisir, certes, mais une industrie quand même : un peu comme si le boucher vous déconseillait de manger de la viande en découpant votre entrecôte... ), car rappelons-le, il a débuté au bas de l'échelle, dans la fabrique de séries B plus souvent Z de Roger Corman en 1980, ce vieux briscard, donc, malin, s'est sûrement rendu compte qu'il devait changer un peu le contenu pour que la suite ne ressemble pas trop à un remake du premier.
La solution principale, de facilité, fut d'adopter un autre environnement naturel, remplaçant la végétation par l'eau, permettant au passage de modifier l'aspect des habitants locaux et d'ajouter une nouvelle faune numérique truffée de toutes sortes de bébêtes plus ou moins grosses (travers dans lequel était tombé George Lucas). Bref, c'est presque pareil qu'avant, mais pas tout à fait. Ceci dit c'est très bien rendu. Les scènes d'immersion dans ce nouvel univers sont magnifiques, et on pense souvent au Grand Bleu de Luc Besson, non par le contenu narratif (les mauvaises langues diront le manque de contenu narratif) mais par l'impact visuel de ce monde sous-marin et des cadrages proposés. Mais ce changement est purement cosmétique, puisque la démarche reste la même que dans le premier épisode : on filme à l'envie un Monde inconnu, et le réalisateur met son personnage principal et le spectateur au même niveau de découverte. Comme dit plus haut, ces moments d'exposition ont une certaine durée, qui peuvent provoquer des "ouah" d'émerveillement comme de bâillements... Puisque troisième film il y aura, je ne suis pas certain que ce genre de changement suffira et je peine à croire que Cameron osera par exemple un "Avatar 3 : Le Chant de la neige"... Quoi que...
Au niveau écriture, pour moins répéter un récit qui garde le même fond, l'autre solution a été de travailler des personnages, soit des nouveaux, soit des anciens mais nouveaux quand même (bon, je ne dis pas pour ces derniers, il reste peut-être des gens qui n'ont pas vu le film ou lu des spoilers à ce sujet, pourtant il y aurait à redire). Comme James Cameron est américain (hein ? Canadien ? Oui bon, il vit aux USA depuis 1971), il injecte dans le récit ce dont raffolent ses compatriotes d'adoption, la cellule familiale. Et alors là, il y va à fond : crise de l'adolescence, la surdouée, la petite-sœur un peu casse bonbon mais pour qui on se bagarre, le cadet qui se sent rejeté, la désobéissance qui vire à la cata, le père sévère, la mère qui tempère, le métissage, l'enfant différent, les liens ressoudés dans l'adversité et le danger, etc... On a droit à tous les clichés de la famille américaine plongée dans une aventure dramatique, forcée de quitter son foyer pour s'adapter à un nouvel environnement, au point qu'on a parfois l'impression d'être dans un sitcom... Finalement, bien que physiquement différents, ces Na'vi ont des comportements très amér... humains ! Mais ne voyons pas tout en noir, ou en bleu, car cela génère quand même de chouettes scènes, et la plupart des enfants des héros sont attachants, le numérique permettant de leur donner des expressions attendrissantes dignes d'un film d'animation Pixar.
Puisqu'on en est à l'écriture, clairement, vous serez moins surpris par le récit, encore moins par son développement dont on devine quasiment les dénouements de la plupart des sous-intrigues. Ne cherchez pas de profondeur dans les personnages humains. Les rares bons de font que des apparitions inutiles, le reste de l'Humanité n'étant qu'un amas de racailles à éliminer par paquets de douze comme les indiens dans les mauvais westerns. Aucun humain n'existe vraiment et ce n'est pas la relation filiale, très mal amenée, insérée aux forceps dans le cours de l'histoire, qui va changer cette impression.
Enfin, Cameron semble radoter un peu. Ou peut-être est-ce sa volonté de se citer lui-même ? Mais quiconque connait sa filmographie saura reconnaitre pas mal de choses vues dans Titanic, Aliens, Abyss ou Terminator. On est dans l'auto-citation parfois grossière, un brin mégalomane...
Bon alors au bout du compte ? J'ai quand même passé un bon moment, même si avoir deux paires de lunettes sur le nez pendant trois heures, c'est un peu pénible. Cette suite propose un développement intéressant, à défaut d'être passionnant, mais pêche par un scénario assez creux, qui semble au final n'avoir été construite que pour proposer un univers différent et en jeter plein la vue. Les images sont belles, et c'est un joli moment de cinéma immersif, qui laisse profiter de cet univers mettant à l'honneur l'imagination de son créateur. Plus que toute la technique déployée, le tour de force de Cameron est peut-être son art de la narration en partant d'un scénario finalement assez pauvre, pas du fait qu'il ne se passe rien, mais parce que ses ficelles sont assez grossières. De plus il s'appuie encore sur la surprise même si la découverte est moins forte que celle générée par le premier film. L'effet de surprise s'étant estompé, si l'écriture ne se muscle pas plus, le troisième opus risque de pâtir d'une répétition (suggérée d'ailleurs par la conclusion) et de générer un film boursouflé de numérique mais vide... De quoi ? Comme les suites récentes des Star Wars et les Marvel ? Pas faux...
PS : Pour la VO, si vous avez une alternative à vos lunettes à verres progressifs pour la vision de loin, alors emmenez celles-ci aussi, vous serez peut-être plus à l'aise car les lunettes 3D ne sont pas très hautes, et ce n'est pas évident de voir les images avec des sous-titres nets via des verres progressifs.
Il m'apparaît de plus en plus clairement que les motifs ténébreux de cette obscurité s'enrobent d'un mystère opaque assez peu propice aux interprétations lumineuses... Achille Talon
pak a écrit : ↑ven. 06 janv. 2023, 17:08
Vu parce que ma filleule avait envie de le voir avec moi.
...
Merci pour cette critique très détaillée et assez pertinente. Je suis d'accord sur la plupart des arguments
J'ai cependant passé un bon moment et je ne regrette pas
Concernant le prochain épisode, j'ai cru lire quelque part "le peuple des cendres" (?) Fake ou vraie information.
NB : selon Imdb
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