Dévoreurdeplanètes a écrit : ↑dim. 09 mai 2021, 17:28
Mais cela ne signifie pas qu'un comic doit se limiter à "Hulk écrase !", ni que, même si cela n'en est pas le but premier, les comics ne puisse faire l'objet d'analyses, qu'elles soient sociologiques, politiques, psychologiques, philosophiques ou ce que vous voulez. Ce n'est évidemment pas ce genre de littérature qui fera aimer les comics à qui que ce soit ; et ce serait injurieux qu'il faille trouver à nos lectures préférées ce genre d'alibi intellectuel pour se justifier. Pour autant, je ne vois pas en quoi de telles approches analytiques seraient sur le principe condamnables.
En bref, si je n'ai pas besoin de ces "trucs d'élitistes" pour apprécier la lecture de Spider-Man, je ne me sens pas injurié si quelqu'un trouve un intérêt à rédiger ou à lire ce genre de "trucs", et je leur souhaite bon courage dans leur entreprise.
C'est là qu'est le problème : quand un quelconque universitaire pond une thèse sur une BD, à la lumière de ses propres fantasmes, et que dans son analyse il prétend trouver des choses que l'auteur n'a pas mises.
Quand l'auteur est décédé, c'est bien commode, car il n'est plus en mesure de contredire ce qui est déclaré, pour dire que ce sont des conneries.
Et quand l'auteur est encore vivant, il est très surpris de se voir attribuer des intentions qu'il n'a jamais eues. Bon, après, il ne va pas tonitruer dans les médias pour dire que c'est du pipeau (d'autant que quand l'auteur est vivant, les analyseurs y vont plus doucement sur les fariboles), car c'est du business, on évite de torpiller quelqu'un qui parle de vous, peut vous faire mieux connaître, et faire mieux vendre votre production.
Perso, j'aime beaucoup lire des interviews, et plus d'une fois on y comprend que quand arrive éventuellement le sujet d'une monographie consacrée à l'intéressé, qu'il y trouve pas mal d'interprétations spécieuses, bien éloignées de la réalité.
Pour cela, je déteste les analyses d'universitaires sur des auteurs, et que je préfère de loin les monographies factuelles (comme celle de Depelley sur Kirby) ou les recueils d'entretiens (comme ceux réalisés par Numa Sadoul avec Hergé, Franquin, Uderzo, ou d'autres).
Car si le lecteur de comics, moi le premier, n'a pas forcément envie de "se prendre la tête", il n'en a pas moins une tête. Et je doute sérieusement que, si nous avions aujourd'hui douze ans, et si les comics n'avaient pas évolué par rapport à ce qu'ils étaient lorsque nous avions vraiment douze ans, ils réussiraient à nous passionner comme ils ont pu le faire à l'époque (où, du reste, ils ne se limitaient déjà pas à "un super-vilain attaque ; un super-héros l'arrête"). On peut trouver de multiples raisons à la baisse des ventes de comics ; pas sûr que la complexité, toute relative, des scénarios actuels en soit la principale cause.
Il faut voir ; moi j'ai arrêté il y a longtemps de lire des comics, parce que d'une part je ne retrouvais plus la qualité de dessin et de créativité de Kirby, Buscema, Ditko, Steranko, et d'autre part à cause d'une tendance vers des scénarios tordus et malsains (et puis toujours baston, baston, baston...
).
Mais quand je relis des vieux comics, même avec des yeux plus matures, j'y prend encore plaisir, car je vois des univers de créativité et d'inventivité, et il n'y a pas que l'effet nostalgie, car malgré le temps passé ça a su garder sa fraîcheur et son dynamisme.
Par contre, quand je parcours un comics récents, je reconnais des stéréotypes et des trames archi-usés... En plus sous un dessin industrialisé...