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C'est triste, mais il y a quelque chose de beau. Il y a quelques mois il avait sorti un Philémon resté inachevé depuis la fin des années 80, l'oeuvre serpent de mer était enfin publiée et terminée.
Sur facebook l'auteur Hervé Bourhis a écrit "Il finit son oeuvre et s'en va", je trouve ça très juste. Avec la modestie qui l'a toujours caractérisé.
Philémon est bien sûr sa série majeure, mais Le Petit Cirque, Magic Palace Hotel et L'Histoire du corbac aux baskets sont autant de chefs d’œuvres.
Des lecteurs de Pif Gadget il était également connu pour Cythère l’apprentie sorcière, curieuse série publiée en 78/79/80.
Je n'étais pas vraiment fan, peut-être que je ne comprenais pas bien son univers...
Mais c'est encore un grand qui s'en va, bien triste.
« J'ai refait tous les calculs, ils confirment l'opinion des spécialistes : notre idée est irréalisable. Il ne nous reste qu'une seule chose à faire : la réaliser ! » Pierre-Georges Latécoère
Plus ils sont grand et gros, plus ça fait mal quand ils tombent, et plus ils ont une grande gueule, plus impressionnant est le silence quand ils la ferment !
(Puma Noir, lutteur séminole)
Je l'ai rencontré 2 fois, pendant des séances de dédicaces. En 1993 à l'occasion de la sortie de L'HISTOIRE DU CORBAC AUX BASKETS. Dans la file d'attente, je m'en souviens très bien, il expliquait que dessiner la mort ce n'est pas drôle, mais la dessiner en train de glisser sur une peau de banane et se tuer comme ça, ça c'est drôle. Bref. Quand mon tour est arrivé, Je lui avais demandé un Corbac avec un Philémon sur l'épaule. Il refuse, parce que trop compliqué, ou je ne sais quoi. Par contre, il me propose de faire un Corbac qui pense à Philémon. J'accepte. Et j'étais quand même très content. Au passage, l'album est excellent. Je l'ai relu il y a quelques temps un soir, dans l'ambiance de la nuit. Très étrange, très moral, très critique sur nous, la société.
1996, pour le centenaire de la BD célébré à Lyon, je le revois. Il dessinait, un de ses marqueurs ne marchait plus, il le pose par terre et le fait glisser sur le sol. Une des hôtesses du festival qui était à coté voit la scène, et vient ramasser le feutre: "Meuhenfiiin... On jett'pas les crayons par terrre!" marmonne t'elle gênée :-p Bon, cette fois, j'ai pas d'album, juste des feuilles balnches, je lui demande si je peux avoir un dessin, il est d'accord, et je lui propose un Philémon en train de penser au Corbac. Il trouve l'idée bizarre, mais me dessine ça en quelques minutes... ou secondes. Content quand même. J'aime bien "boucler les boucles" moi aussi.
Je l'aimais bien parce que c'était un original, toujours intéressant à écouter. Il était passé un soir à la radio il y a 8 ou 9 ans, je l'avais enregistré. À la télé aussi (Oh il a du en faire plein, mais pour tomber dessus faut être aux aguets), il y avait eu un reportage sur lui que j'avais enregistré. Je ne sais plus dans lequel c'était, mais il avait dit que devant son bureau, il y a une fenêtre qu'il n'ouvrait jamais, de peur que ses idées s'envolent à travers.
Comment conclure ce texte? Dire que quelqu'un a ouvert la fenêtre de sa vie, et son âme s'est envolé dans les nuages?
En tout cas, la mort n'a pas encore marché sur sa banane.
Bravo! très beau témoignage et bien bel hommage
