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27 au 31 mai |
Le retour de Pif-Gadget dans les kiosques c'est pour le 1er juillet ! : l'article
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du 27 au 31 mai 2004 - news n°390 - spéciale Couik
Nous commençons à explorer les secrets du nouveau Pif-Gadget dont le numéro 1 sortira le 1er juillet, et à cette occasion, nous célébrons le retour de Couik dessiné et imaginé par Jacques Kamb. Vous retrouverez ainsi un dossier complet sur ce personnage, une bibliographie ainsi qu'une interview inédite !
Couik : version 2004
Vous le savez peut-être déjà, mais Couik sera de retour dans le nouveau Pif-Gadget version 2004.
Couik inédit version 2004 par Jacques Kamb - © Pif Éditions
Cet oiseau préhistorique doué de la parole se retrouve au milieu d'une civilisation qui en est à ses balbutiements. La cohabitation avec ces premiers hommes s'avère difficile...
Couik : le dossier
Frédéric Maye est un habitué du site et un passionné de l'oeuvre de Kamb. Il nous le prouve encore aujourd'hui en nous proposant cette news spéciale Couik.
Jacques Kamb en 1969 propose à la nouvelle rédaction de Pif-Gadget un projet de bande dessinée avec un homme préhistorique barbu qui s’appelle "Pépépok". Mais la rédaction du nouveau journal s’intéresse tout de suite au petit oiseau qui se trouve sur l’épaule du Cromagnon.
"Couik" est un curieux oiseau (bleu) préhistorique doué de la parole. Dans les premières aventures l’oiseau a une taille normale (pour un oiseau) puis il devient aussi grand qu’un humain et voit ses ailes prendre la forme de mains. Cet animal familier d’un village de l’âge de pierre est en avance sur son temps. Il découvre toujours de nouvelles inventions. Ce qui ne l’empêche pas de donner l’exemple et de rester le plus sage de la tribu.
Il fut accompagné de nombreux seconds rôles : Tantanouk (une brave ménagère des cavernes), Pépépok (un peu radoteur), Présidok (le chef de la tribu), Grogouluk, Barbouzdek, Gromastok, etc… . Sur la fin de ses aventures et pour corser l’intrigue, un autre oiseau de couleur rouge du nom de "Kouic" fait son apparition dans les histoires. Il est un peu l’antithèse de Couik, et de ce fait un compagnon plutôt remuant, caractériel, mais aussi complémentaire de notre héros.
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Pif-Gadget n°110 |
Pif-Gadget n°134 |
Les aventures de "Couik" sont apparues en gags d’une planche le 24 février 1969 dans le numéro 1 de Pif-Gadget (Vaillant n°1239) et l'histoire prendra fin le 26 novembre 1973 dans le numéro 248 (Vaillant n°1486). Dans cette période Couik est absent dans les numéros 1408, 1454, 1463, 1472, 1475, 1476, 1477, 1480 et 1482. Par six fois l’aventure sera publiée en 2 pages (N°1414,1417,1436,1458,1465,1468). A dix reprises l’histoire est publiée en courts récits de 4 à 7 planches avec des titres très accrocheurs.
Couik fait deux fois la couverture de Pif-Gadget dans les n°110 et 134 mais aussi présent en compagnie des autres héros du journal dans plusieurs couvertures.
Il possède aussi à deux reprises son propre gadget avec «le Pic-Couik» dans le n°110 (Vaillant n°1348) du 29 mars 1971 et le «Rossignol» dans le n°134.
A la demande des éditions Nathan en 1992, on lui propose de redessiner deux pages de Couik qui furent publiées dans le manuel de lecture « Le Gafi » destiné aux classes de CE2.
Un mini album de Couik intitulé « Couik Story » sort en juin 2002 spécialement pour le festival B.D Côte d'Azur d'Antibes Juan les Pins . Un récit complet de 14 pages dont les textes et les dessins sont en noir et blanc (réédition d'une histoire parue dans le journal de Pif dans le numéro 1390 du 20 janvier 1972 ).
Pour les vœux 2004, Couik fait une nouvelle apparition en compagnie de Pépépok pour une nouvelle histoire. L'aventure raconte les mois de l'année. La planche peut servir aussi de calendrier pour 2004, une superbe création originale et totalement inédite.
On espère le retour de Couik en album ; en tous cas, il fait partie de la distribution dans les pages du nouveau Pif-Gadget !
© Frédéric Maye - Mai 2004 - (Illustrations © Jacques Kamb)
Couik : "L'interview"
(Questions : Frédéric Maye et Jacques Kamb et Réponses : Couik)
« Bonjour Couik …
- Bonjour ! C'est vraiment un bon jour que celui où je refais surface, après bien des années que je viens de passer au fin fond de ma grotte. Mais grâce à tous mes amis de Pif, ce ne sont pas des années d'oubli.
« Tu parles !!! Tu as le don de la parole ?
- Bien sûr ! Depuis le premier numéro de Pif-Gadget où j'ai fait mon apparition, j'ai tout de suite pris la parole pour dire ce que je pensais, et je n'ai jamais mâché mes mots.
« Cher Couik, quel âge as-tu ?
- Comme je suis un oiseau préhistorique, j'ai l'âge de pierre plutôt que l'âge de Paul. Mais je suis né en 1969 de votre ère, alors faites le compte.
Moi en tout cas, je ne sens pas le temps passer.
« De quelle espèce d'oiseaux fais-tu partie ?
- D'une race à part : les Couikus Agagus Pifgadgetis. Je n'ai rien d'un pigeon, on ne me trouve chez aucun oiseleur.
« As-tu volé la vedette à Pépépok ?
- Oui, effectivement. Je vais vous dire comment ça s'est passé.
Quand mon auteur, Jacques Kamb a dû imaginer une histoire à gags pour le premier numéro de PIF-Gadget, il a campé un personnage de barbu «cromagnonesque» vivant au temps des cavernes et l'a baptisé Pépépok. Or ce bonhomme avait la particularité d'avoir en permanence un oiseau sur l'épaule. A la rédaction du journal , ils m'ont tout de suite remarqué et ont dit à Kamb : " Tu vois, ce n'est pas tant ton barbu qui nous intéresse, celui qu'on veut, c'est l'oiseau".
Alors Kamb m'a appelé Couik et il m'a donné le beau rôle.
« Pépépok le cromagnon est-il aussi radoteur qu'on le dit ?
- Non, bien sûr, ça lui arrive quelquefois. Mais s'il est souvent dans la lune, il lui arrive d'avoir du bon sens. Des fois il fait illusion et peut passer pour un vieux sage. Je n'ai pas dit un vieux singe ! Fais attention à ce que tu écris !
« Pour quelles raisons les humains ne comprennent pas à leur juste valeur tes inventions ? Sont-ils « bêtes » ?
- D'abord il ne faut pas oublier qu'ils vivent à l'époque des cavernes, c'est à dire dans la nuit des temps.
Ils sont loin d'être bêtes, et ils ont même inventé plein de choses utiles comme le feu et les premiers outils. Ils ont peint des fresques magnifiques au fond de leurs grottes. Mais moi je trouve des trucs en plus et des fois s'ils n'arrivent pas à suivre, ce n'est pas de leur faute.
« Penses-tu avoir eu du succès dans les pages de Pif-Gadget ?
- Ma modestie légendaire ne me permet pas de dire que j'ai fait un tabac. D'ailleurs, à mon époque les habitants des cavernes ne fumaient pas. Ils vivaient sans polluer.
Bon, pour en revenir à ta question : Qui ne connaissait pas Couik ? J'ai eu même mon gadget. Et il fallait voir le courrier volumineux quand j'ai lancé un concours à qui me ferait le plus joli chapeau.
« Que penses-tu de Rahan, qui à l'époque était la grande vedette ? Est-il exact que Rahan soit venu te rendre visite dans une de tes histoires ?
- Rahan est un super héros et nous ne jouons pas dans la même cour lui et moi. J'ai plein d'admiration pour ce grand blond des âges farouches. Je l'ai même rencontré deux fois.
Un jour il est tombé dans ma page qui portait le n° 9, il m'a demandé où se trouvait la page 11. Moi je croyais qu'il cherchait une «Pajonze». Comme je ne savais pas ce que c'était, j'ai mené l'enquête jusqu'au moment où j'ai mis fin au quiproquo en lui indiquant le bon chemin.
Une autre fois, j'avais trouvé son collier qui traînait dans ma page. On allait l'offrir à Présidok , le chef du village mais Rahan est arrivé pour récupérer son bien.
« Dans la presse people (les dictionnaires de B.D) on raconte que Kouic est ta compagne, c'est faux ?
- Absolument faux ! On raconte vraiment n'importe quoi. Kouic est arrivé un beau matin. Il a déboulé dans ma page, il arrivait de je ne sais où. J'ai tout de suite remarqué qu'il me ressemblait comme deux gouttes d'eau. Sauf que moi je suis bleu et qu'il est rouge.
« Kouic est-il l'antithèse de ton personnage ?
- Tout à fait, moi je suis plutôt d'humeur égale, sarcastique bien souvent mais dans l'ensemble, j'ai bon caractère. Lui c'est une teigne. Il est venu vraiment pour m'embêter. Je me demande quelle mouche a piqué mon auteur quand il a créé ce personnage caractériel. Bon après, comme il était là, il a fallu faire avec, et j'ai fini par m'y habituer.
« As-tu le projet de revenir dans la presse ou dans un album ?
- Comment ? Tu ne sais pas que je vais reparaître cet été dans le nouveau Pif Gadget, qui sortira en Juillet ? Là je vais retrouver quelques vieilles connaissances et de nouveaux héros fort sympathiques.
Et puis j'ai aussi un album de prêt. J'espère qu'il sortira des presses dans un proche avenir mais patience, tout arrive en son temps.
« Je suis enchanté d'avoir pu te rencontrer en chair et en os (et en plumes) … je te remercie d'avoir eu la grande gentillesse de répondre à mes questions et je te souhaite bonne chance pour un futur retour …
- Merci à toi l'ami, comme tu vois, je reviens tel que j'étais. Je suis Couik l'oiseau «Préhisto» et je n'ai pas ma langue dans la poche même si je n'ai aucune poche dans mon plumage. Mes amitiés à tous et à très bientôt.
Une interview inédite de © Frédéric Maye et Jacques Kamb - Mai 2004 (Illustrations © Jacques Kamb)
Couik : la bibliographie
Pour compléter dignement cette spéciale, Frédéric Maye nous a préparé une bibiographie des aventures de Couik et Kouic dans Pif-Gadget ! Un travail qui sera très utile à tous les amateurs du personnage de Jacques Kamb.
Pour accéder à la liste des avantures : la bibliographie de Couik
24/25/26 mai 2004 - news n°389
L'actualité, c'est bien sûr le nouveau Pif-Gadget prévu pour le 1er juillet, mais nous n'oublions pas les rubriques que vous appréciez sur le site avec aujourd'hui "Fifi gars du maquis", un dossier réalisé par Marc Groisne ainsi qu'une interview de l'auteur du livre sur l'art de Jean-Claude Forest. Dès jeudi, vous retrouverez une spéciale "Kamb et Couik" préparée par Frédéric Maye. A ne pas manquer !
Pif-Gadget dans "le Monde"
Depuis le numéro du week-end dernier de l'Humanité, les détails de la sortie en kiosque du nouveau Pif-Gadget se répandent rapidemment dans les médias, c'est au tour du supplément hebdomadaire du Monde, "le Monde n°2" de réserver deux pages à l'événement BD de cet été, la sortie du nouveau Pif-Gadget.
crayonnés de Bernard Ciccolini pour les nouvelles aventures inédites de Pif et Hercule
Ce supplément porte le numéro 19 et est daté du 23-24 mai 2004.
Fifi Gars du Maquis
Marc Groisne est un habitué du site qui a déjà rédigé bon nombre de dossiers passionnants. Aujourd'hui il continue sa découverte des grandes séries Vaillant et nous propose un dossier sur "Fifi Gars du Maquis".
Fifi est un jeune maquisard qui, avec son groupe, va combattre pour libérer la France de l’occupation allemande. Avant la 2ème guerre mondiale, Fifi travaille dans une usine de produits chimiques. Les boches pillent, déportent et tuent les jeunes de France. Fifi quittera sa famille et ses amis pour rejoindre la résistance. Nanti d’instructions spéciales, il doit se rendre à Marseille pour remettre un pli secret. Ce premier récit relate la libération de Limoges. Fifi participe à de nombreux actes de résistance. Il fait partie des "FTP" (Francs-tireurs et partisans) il sera capturé et torturé par la milice, puis libéré par ses camarades. A droite, Fifi par Auguste Liquois dans le Vaillant n°31 |
Après avoir annihilé les dernières poches de résistances allemandes, il s’engage dans l’armée régulière "Rhin et Danube" pour poursuivre les "boches" et les jeter hors de France. Fifi et Jean découvrent une gigantesque usine souterraine de V1, qu’ils feront sauter. Avec ses camarades, Fifi nous entraînera dans une suite d’exploits audacieux perpétrés au nom de la résistance, exploits qui les mèneront vers les chemins de la liberté.
Quoi de plus naturel qu’une histoire sur les exploits de la résistance, incarnée en particulier par un héros "FIFI", débute ce 1er juin 1945, tout de suite après la seconde guerre mondiale, dans le 1er numéro qui en fait est le numéro 31 puisque Vaillant prend la suite du Jeune Patriote.
L’Aventure de Vaillant, Vaillant le journal de Pif et enfin Pif-gadget, peut donc commencer.
1ère page du Vaillant n°45 du 14 décembre 1945
Les auteurs sont Michel Debonne puis rapidement Roger Lécureux aux scénarii, et Auguste Liquois puis Raymond Cazanave aux dessins.
Historique des 3 récits
1 - Fifi gars du maquis, débute dans le n°31 du 1 er juin 1945 et se poursuit jusqu’au n°38 de cette même année. Ce premier récit s’arrêtera brutalement à la 8ème planche. Vaillant est victime de son succès. Le ministère de l’Information demandera à Vaillant de nombreuses transformations dont la suppression, en grande partie, des bandes dessinées. Pour lire la suite, il faudra se procurer le récit complet publié peu de temps après. Ce sera le premier album Vaillant, édité dans la collection "C’est un album Vaillant" en novembre 1945.
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Fifi par Roger Lécureux et Auguste Liquois
Michel Debonne est un jeune étudiant, il débute le premier récit de Fifi, mais laisse la place à Roger Lécureux vers la 5ème planche.
Roger Lécureux, né à Paris en 1925, et décédé à Itteville (91) le 31 décembre 1999.
En 1945, Roger est un ouvrier imprimeur, il frappe à la porte des éditions Vaillant et se fait engager pour gérer les abonnements et comme coursier.
Il aide Michel Debonne à sortir Fifi de situations scénaristiques impossibles dans lesquelles celui-ci l’a plongé. Le rédacteur en chef, René Moreu, lui confiera définitivement le scénario vers la cinquième planche, sans se douter qu’il va révéler une vocation au récit pour notre plus grand bonheur. Ce sera sa première grande histoire, et le début d’une longue et fructueuse carrière.
Illustration par Auguste Liquois en 1ère page de Vaillant n°49 du 7 février 1946
2 - Fifi gars du maquis Rhin et Danube, Vaillant n°49 au n°63. Paru en récit complet dans la collection "C’est un album Vaillant" n°2 en avril 1947. Par Lécureux et Liquois.
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Fifi dans Vaillant n°49 du 7 février 1946, par R. Lécureux et A. Liquois
Auguste Liquois, né à Angers le 2 juillet 1902, et décédé à Vitray-en-Beauce le 1 er septembre 1969.
Il débute par des croquis de mode, des affiches et de nombreuses illustrations humoristiques et, en 1937, sa première bande dessinée Coco de la lune. En 1945, dans Vaillant, il entreprend Fifi gars du maquis avec Roger Lécureux et illustre "la vie du colonel Fabien".
Sa participation au Téméraire et au Mérinos pendant l’occupation allemande mettra un terme à sa coopération au journal Vaillant, celui-ci en ayant eu tardivement connaissance. Cela ne l’empêchera pas d’avoir une grande et fructueuse carrière.
Suivra "Guerre à la terre" sur un scénario de Marijac, "Satanax", "Capitaine Fracasse" ainsi que de très nombreux récits.
Couverture du 2ème album de Vaillant paru en juin 1947
Moins connu, Auguste Liquois est aussi un peintre. Il exposera à Angers, Paris, Chartres…
Dans les années 70, Prifo édite "Salvador", "Satanax", "Jean Cavalier", "Don Quichotte" et "D’Artagnan". Glénat prendra le relais en publiant "Guerre à la terre" (toujours disponible).
3 - L’imbattable Fifi, Vaillant n°118 au n°132. Par Lécureux et Cazanave.
Le 3ème et dernier récit, "L’imbattable Fifi", est une suite d’exploits choisis parmi les plus audacieux de la résistance. Si Fifi et ses camarades triomphent c’est grâce à l’abnégation de ceux-ci, et pour que renaisse une France libre.
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L’imbattable Fifi dans Vaillant n°118 du 14 août 1947 par R. Lécureux et Raymond Cazanave
Raymond Cazanave , né à Fleury d’Aude le 23 décembre 1893, décède le
10 octobre 1961 à Caunes-Minervois.
Il débute sa carrière en tant que décorateur à la société générale transatlantique de Saint-Nazaire en 1919, puis devient journaliste à Auxerre au quotidien le Bourguignon et enfin dessinateur, ce qui le mènera en 1947 chez Vaillant où il entreprend le "Fifre de Valmy", le 3ème et dernier récit de "Fifi gars du maquis" et diverses illustrations.
Vous pouvez compléter ce portrait, volontairement réducteur, par la lecture du Collectionneur de Bandes Dessinées n°68 et de Hop ! n°77.
Dans les années 70, Prifo édite "Les mystères de Paris", "Le secret du capitaine Wake"…, et chez Glénat "Le capitaine fantôme" (toujours disponible).
Il faut souligner la formidable étude de Gilles Plas dans le collectionneur de BD et la non moins superbe revue Hop ! sans qui ces propos ne seraient pas.
Marc Groisne
L'art de Forest
Marc Rouchairoles a rencontré pour nous l'auteur du récent livre sur "l'art de Jean-Claude Forest", il en a profité pour l'interviewer et nous a apporté des illustrations que vous ne retrouverez pas dans le livre.
Philippe Lefèvre-Vakana a 45 ans. Il est illustrateur spécialisé dans le rough publicitaire. Il est aussi collectionneur de planches originales de bande dessinée et de dessins originaux d'illustrateurs. Il a été l'ami des deux grands artistes que furent Jean-Claude Forest et Raymond Poïvet. Il a édité en 1990 un petit recueil de dessins de Poïvet. Il a aussi écrit quelques textes qui furent publiés dans la revue le collectionneur de bande dessinée, ainsi que la notice bio-bibliographique qui a servi pour annoncer à la presse la mort du dessinateur René Novi.
M. R. : Qu'est-ce qui t'a donné l'envie d'écrire ce livre sur le créateur de Barbarella ?
P. L.-V. : Je tiens tout d'abord à préciser que ce livre n'est pas vraiment le mien. C'est plutôt un livre de Forest présenté par moi. Pour revenir à la question, ce livre était plus qu'une envie, ce livre était une nécessité. Forest est l'auteur de plusieurs chefs d’œuvre de la bande dessinée. C'est un illustrateur extraordinaire. Ses décors du film Barbarella sont d'une qualité et d'une modernité inégalée. Etc ...
BARBARELLA et PYGAR, dessin réalisé vers 1985
Bref, Forest fut l'un des créateurs les plus marquants de la seconde moitié du 20ème siècle ! Mais faute de réédition et pour d'autres raisons plus complexes, l’œuvre de Forest restait très mal connue. Cette situation était scandaleuse. Un livre sur Forest me paraissait donc indispensable. Un livre qui permette enfin d'avoir une vision globale de cette oeuvre, en présentant aussi bien des travaux de jeunesse, des illustrations, des bandes dessinées, des photographies, des décors, etc ...
Quant à savoir pourquoi c'est moi qui m'occupe de ce livre et pas un autre. D'abord personne d'autre ne s'est porté volontaire et puis je crois que j'étais bien placé pour m'en charger.
Jean-Claude Forest et Philippe Lefèvre-Vakana en 1993
M. R. : Je crois que tu as bien connu Forest. Quel homme était-il ?
P. L.-V. : Oui j'ai bien connu Jean-Claude Forest. Je l'ai rencontré pour la première fois ce devait être en 1977, j'avais alors 17 ou 18 ans. Depuis ce temps nous nous sommes vus régulièrement, jusqu'à sa mort.
Au début nos relations étaient celles d'un admirateur face au "maître". Lorsque je suis devenu illustrateur, nos relations sont devenues confraternelles. Nous étions amis, mais je n'étais pas ce que l'on appelle un intime. Nos conversations tournaient autour de la bande dessinée, du dessin, de l'art, de notre ami commun Raymond Poïvet, nous évoquions peu notre vie privée. Ceci fait que je ne connaissais probablement qu'une facette de sa personnalité.
Ce que je peux dire c'est que Forest était un homme d'une grande intelligence et d'une grande culture. Il était charmeur. Il était épris de liberté et en même temps très exigeant avec lui-même et avec ceux qui ont travaillé avec lui. Il faut aussi évoquer la maladie pulmonaire qui l'accompagnait depuis l'enfance tant elle a marqué sa vie comme son oeuvre.
PERSONNAGES BIZARRES, recherche graphique vers 1995
M. R. : Peux-tu nous en dire plus sur sa maladie ?
P. L.-V. : Forest était asthmatique et ses poumons avaient été endommagés par une tuberculose qu'il avait eu enfant. Il a frôlé plusieurs fois la mort à plusieurs moments de son existence à cause de cette maladie.
Certains de ses albums de bande dessinée font allusion à ces problèmes respiratoires. En particulier le père de Jules dans "enfants c'est l'hydragon qui passe" est asthmatique.
M. R. : Peux-tu nous parler des séries qu'il a réalisées pour les éditions Vaillant ?
P. L.-V. : Forest a commencé en 1951 par donner des illustrations et des récits complets pour le bimensuel de poche 34 Caméra (édité par les éditions Vaillant). Ses BD étaient déjà d'une grande originalité, le fantastique y était très présent. Dès l'année suivante il publie dans l'hebdomadaire Vaillant. "Pour la horde" sa première série "à suivre" n'aura que 16 pages. Cette histoire préhistorique teintée de fantastique a été arrétée précipitamment par la direction du journal. Il illustre ensuite un CHARLOT délirant sur un scénario dont l'auteur est inconnu. Là encore la série est arrétée après seulement 16 pages.
Ensuite il donne le célèbre COPYRIGHT, cet animal fabuleux dont le ventre se ferme par une fermeture éclair. Après 9 pages, on demande à Forest de changer le titre qui fait trop "américain" ce qui est mal vu dans un journal lié au parti communiste français. La série devient COPIRIT et elle ne vivra, sous ce nouveau nom, que pas plus de 14 pages.
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"Le Copyright", 1ère image de la planche 1 (1952) |
"Le Copyright", une autre image de la planche 1 |
Le copyright est une oeuvre marquante de l'histoire de la BD. Par ses qualités propres et par son originalité, mais aussi parce que c'est ce personnage qui a inspiré Mandryka pour la création de son CONCOMBRE MASQUÉ ! Ce fut la dernière collaboration de Forest à Vaillant. Ce n'est qu'en 1971 qu'il retravaille pour les éditions Vaillant en donnant "Mystérieuse Matin Midi Et Soir" à Pif-Gadget. Cette adaptation très personnelle de L'île Mystérieuse de Jules Verne, devait être publiée en 3 chapitres de 20 pages chacun. Seuls les 2 premiers furent publiés. Encore une fois Forest a été victime de la frilosité de la direction du journal. La présence de la scandaleuse Barbarella dans le 3ème chapitre a effrayé ces messieurs".
(propos recueillis par Marc Rouchairoles)