Guido Buzzelli

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Nutello
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Guido Buzzelli

Message par Nutello »

Bonjour,

Guido Buzzelli est aujourd’hui sensiblement moins connu en France que certains de ses compatriotes comme Hugo Pratt ou Milo Manara, voire Paolo Eleuteri Serpieri ou Guido Crepax. Ses premières bandes au trait de crayon épileptique ont pourtant contribué aux grandes heures et aux beaux jours de Charlie Mensuel.
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Les éditions Les cahiers dessinés viennent d’éditer un recueil de quatre bandes de Guido Buzzelli sur ses propres scénarios, incluant « Le labyrinthe », « Zil Zelub »,« Annalisa et le diable » et « L’Interview ».
http://www.lescahiersdessines.fr/oeuvre ... 1090875548
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Télérama, L’express, Yves Frémion, Gilles Ratier dans BD Zoom, Les inrockuptibles et d’autres, tous aussi admiratifs, ont salué l’événement.
http://www.telerama.fr/livres/oeuvres,n5470078.php
https://www.lexpress.fr/culture/livre/b ... 79613.html
http://bandedessinee.blog.lemonde.fr/20 ... s-reserve/
http://bdzoom.com/52119/patrimoine/guid ... me-partie/
https://www.pressreader.com/france/les- ... 1543825501
http://bobd.over-blog.com/2018/01/maest ... ybody.html
https://www.sandawe.com/fr/projets/une- ... -la-bd-n-2


Bibliographies :
Pour une bibliographie très fournie, une longue étude, et de nombreuses reproductions par Gilles Ratier, voir ici :
http://bdzoom.com/52119/patrimoine/guid ... me-partie/
Pour une bibliographie en particulier des publications dans Charlie Mensuel :
http://www.bdoubliees.com/charliemensue ... zzelli.htm
Autre :
https://www.bedetheque.com/auteur-2340- ... Guido.html

Sur Guido Buzzelli :
http://frboudet.pagesperso-orange.fr/buzzelliades.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guido_Buzzelli
http://frboudet.pagesperso-orange.fr/marcbuzz.html
https://culturebox.francetvinfo.fr/arts ... eme-144065
Modifié en dernier par Nutello le dim. 18 mars 2018, 16:27, modifié 5 fois.
Nutello
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Re: Guido Buzzelli

Message par Nutello »

L’ouvrage s’ouvre donc avec « Le labyrinthe » de 1970, qui est en fait sa 2e bande dessinée après « La révolte des ratés », absente du recueil.
Ce récit porte parfois, sur certaines éditions, le titre alternatif d’ « Aunoa ».


Après une catastrophe nucléaire, le personnage Marcel Sforvo parcourt un monde dévasté encombré de corps d’humains et de chevaux disloqués et carbonisés encastrés dans des amoncellements de carcasses de voitures.
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Pour mieux exprimer le caractère ravagé de ce reste de ville post-cataclysmique, Guido Buzzelli joue sur des effets d’inversion.
Dans une case, le personnage se détache sur un décor retourné : c’est le sol qui tient lieu de ciel.
Dans d’autres cases, certains dessins sont en négatifs, complet échange ente le noir et le blanc.
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Dans cet univers fracassé, il croise des habitants des deux seules parties du monde ayant échappé à la destruction, épargnées car appartenant, si l’on peut dire, à la verticalité.
Ainsi, il est entraîné d’une part dans un monde d’au-dessous, ville souterraine dont la population est composée de femmes et d’hommes à têtes de chiens et de chiens à têtes de femmes et d’hommes, résultats des travaux combinatoires d’artistes chirurgiens. Marcel Sforvo est lui-même destiné à être entrecroisé avec une tête et un corps de chimpanzé.
Ainsi, il est entraîné d’autre part dans un monde d’au-dessus, gigantesque sphère de plastique souple et transparent flottant dans le ciel dont les habitants sont des êtres aériens d’une blancheur immaculée.
Modifié en dernier par Nutello le lun. 19 mars 2018, 10:13, modifié 5 fois.
Nutello
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Re: Guido Buzzelli

Message par Nutello »

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En véritable antihéros, le personnage échoue à l’examen devant établir s’il est digne de demeurer ou non à bord de ce monde parfait. Il est rejeté dans l’océan, encombré de détritus, jusqu’à la berge d’un nouveau monde naissant peuplé de chevaux.


Analyse de Philippe Muray parue dans (A Suivre) n° 21 d'octobre 1979.
http://frboudet.pagesperso-orange.fr/aunoa.html

« On a déjà répété cent fois que Buzzelli, avec son graphisme griffé, ses dessins baroques et noirs, son inspiration apocalyptico-démoniaque, était le Goya de la bande dessinée.
C'est encore plus vrai que jamais dans « Aunoa » où Buzzelli se révèle comme le maître incontesté de l'horreur, de la représentation du cauchemar contemporain, de toutes les menaces qui pèsent sur nos fantasmes et nous ramènent aux cavernes des mythes, illuminées cette fois par le mortel "spot" de la menace atomique.
Mêlant des métamorphoses hallucinantes et des savants fous dans une atmosphère de fin du monde, Buzzelli fait parcourir à son héros un univers en miettes où des têtes de chien très totémiques, très "égyptiennes", sont greffées sur des corps d'hommes et réciproquement, où des laboratoires de nazis de l'an 2000 mijotent d'atroces mutations génétiques, où des femmes accouchent de démons ailés sanguinaires comme des chauve-souris vampires, où la beauté et l'amour enfin sont devenus inaccessibles, enfermés dans une "sphère" symbolique aseptisée, définitivement remis à leur place, qui est celle de l'illusion humaine de bonheur sur fond de malheur permanent. Tous ces éléments font d’« Aunoa » une superbe épopée du deuil prochain de la planète - un deuil dont nous commençons à deviner les prémices. »

Philippe Muray
Modifié en dernier par Nutello le lun. 19 mars 2018, 10:14, modifié 11 fois.
Nutello
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Re: Guido Buzzelli

Message par Nutello »

Le récit suivant, « Zil Zelub » de 1972, est un grand développement onirique échevelé autour de la situation d’un violoncelliste, au nom de Zil Zelub, qui se réveille un matin proprement démembré. Tête, tronc, bras, jambes ont du mal à demeurer ensemble, et bien souvent affichent une tendance à mener des vies séparées.
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Nous suivons donc les déboires de cet homme confronté à sa situation paradoxale et inaccoutumée, dans une ville par ailleurs envahie d’étranges volatiles, sortes de croisements de pélicans et de ptérodactyles.

Tour à tour un médecin politicien, un chirurgien, un psychanalyste, une magicienne albinos tentent de lui venir en aide. Quand il est chassé de l’orchestre dans lequel il joue et qui constitue son gagne-pain, c’est alors un impresario qui veut l’inclure dans un spectacle de music-hall en prétendant prendre sa destinée en main.

Zil Zelub a parfois du mal à distinguer ce vécu sensiblement onirique de rêves où il se revoit enfant ou s’imagine redresseur de torts et séducteur, dans de grandes pages où les bords de cases s’effacent et les dessins et visions s’entremêlent.
Il finit par profiter de sa condition de phénomène pour semer le chaos dans la ville, avant de prendre conscience qu’il était manipulé par les divers personnages de rencontre qui se sont servis de lui dans un but de victoire électorale.
Si Guido Buzzelli donne invariablement ses propres traits à ses personnages, ceux-ci sont tout aussi régulièrement des antihéros.


Stéphane Jarno de Télérama, Jérôme Dupuis de L’express et surtout Frédéric Pajak dans la longue préface au livre, insistent sur la dénonciation par l’auteur de la corruption et des aspects politiques de l’Italie dite « des années de plomb ».

Pour ma part, je ferais la rapprochement entre cette bande de Guido Buzzelli et certains récits scénarisés par Pier Carpi et dessinés par Sergio Zaniboni et Marco Rostagno publiés à la même époque dans la revue italienne Horror et dispersés en traduction française dans Horror, Psycho et Cauchemar aux éditions de Poche.
On y trouve en commun un certain sens de l’extravagance et des allusions métaphoriques à la politique italienne de l’époque.

Guido Buzzelli a d’ailleurs eu l’occasion de collaborer à la revue Horror. Un récit intitulé « L’ami de la famille » dessiné par lui sur un scénario de Rinaldo Traini a été publié dans Horror n°8 du 4e trimestre 1972, et est entièrement reproduit sur ce site : http://bdzoom.com/52119/patrimoine/guid ... me-partie/
Modifié en dernier par Nutello le dim. 18 mars 2018, 15:37, modifié 2 fois.
Nutello
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Re: Guido Buzzelli

Message par Nutello »

Dans les deux récits précédents, Guido Buzzelli se met lui-même en scène dans les traits physiques de ses personnages, Marcel Sforvo et Zil Zelub dont le nom est une anagramme évidente.
Avec « Annalisa et le diable » de 1973, il force encore plus le trait.


Le personnage principal est en effet… un auteur de BD, à la recherche d’un thème pour sa prochaine œuvre. Les deux rôles – auteur et personnage – se confondent dès lors de plus en plus. Le personnage n’a d’ailleurs pas de nom. Pourquoi en aurait-il, s’il est en fait l’auteur ?

Sous l’effet de la fatigue, il a parfois des hallucinations où il croit apercevoir des personnages de ses œuvres précédentes, lesquels sont précisément des personnages des albums précédents de l’auteur Guido Buzzelli.
D’autre part, les carnets de dessins du personnage-auteur sont emplis de représentations là encore des personnages des trois albums antérieurs de Buzzelli. Et il publie dans Charlie Mensuel dont un exemplaire est bien visible dans une case.
Le personnage est par conséquent un personnage-auteur, puisqu’il joue le rôle d’un auteur de bande-dessinée, et même un personnage-auteur-auteur, puisqu’il représente Guido Buzzelli lui-même auteur de la bande-dessinée en train de se faire.

Les personnages qu’il imagine prennent alors vie et entrent et interfèrent dans le déroulement du récit. Le personnage menace alors de les effacer en brandissant une gomme.
Il cherche ensuite à séduire une jeune fille en lui dessinant un cheval qui là aussi s’incarne. Il tâche ensuite de l’entraîner… derrière une case vierge.
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Guido Buzzelli ajoute encore un rêve de son alter ego le personnage dans lequel celui-ci rencontre le diable et pénètre à sa suite en Enfer, et se trouve face à des personnages démoniaques sur lesquels il n’a cette fois aucun pouvoir.

Guido Buzzelli joue ainsi sur différents niveaux de réalité imbriqués les uns dans les autres et se confondant parfois, comme le fera à grande échelle quelques années plus tard Tiziano Sclavi dans Dylan Dog.

En fin de récit, le personnage réalise qu’il n’a pas réussi à trouver une idée pour sa BD. Il saisit sa gomme, et s’efface lui-même. C’est là où la confusion entre personnage et auteur s’estompe, car Guido Buzzelli, lui, a réalisé son récit.
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Modifié en dernier par Nutello le lun. 19 mars 2018, 21:44, modifié 5 fois.
Nutello
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Re: Guido Buzzelli

Message par Nutello »

Le récit suivant qui clôt le recueil, « L’interview » de 1974, s’appuie sur de mêmes artifices, de manière tout aussi appuyée.
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Il s’ouvre avec la vue subjective d’une table de dessinateur de BD. Clairement, le point de vue du personnage est le point de vue de l’auteur, et aussi le point de vue du lecteur. A la 3e page, dans une sorte de zoom arrière, le point de vue prend de la hauteur et le personnage apparaît enfin dans le cadre après plus de deux pages sans personnage visible.

Mais dans le même temps, trois personnages envahissent soudain et à leur tour le cadre.
Ainsi d’une part, des personnages de bandes dessinées investissent le plan de réalité du personnage-auteur.
D’autre part, ces personnages viennent interviewer le personnage à la fois peintre, dessinateur et auteur de bandes dessinées qui en outre ne cesse se mettre lui-même en scène en tant que personnage de bandes dessinées, ce qui correspond bien à un portrait de Guido Buzzelli lui-même.
« Cela m’amuse d’être un personnage d’encre et de papier » déclare le personnage-auteur portrait de l’auteur Guido Buzzelli, donc de nouveau personnage-auteur-auteur. Ou si l’on préfère, le personnage du récit est une représentation par Guido Buzzelli de lui-même, et ce personnage se met – par conséquent - lui-même en scène dans ses propres récits. L’auteur qui se dessine en personnage-auteur qui se dessine en personnage.

Quant aux trois personnages surgis dans le même plan de réalité que le personnage-auteur, si l’un est l’interviewer, un autre est un contorsionniste danseur qui exécute un ballet complexe, et le troisième est une femme brune en robe longue qui amorce avec lui un jeu de séduction. Demeurée avec lui pendant la nuit, elle s’efface lentement quand le jour vient.

Réalité, rêve, fantasme, personnage, auteur, dessin, création artistique, les niveaux s’entremêlent. Encore une fois, Tiziano Sclavi saura utiliser de tels effets jusqu’à des degrés de complexité parfois vertigineux.
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Modifié en dernier par Nutello le dim. 18 mars 2018, 15:58, modifié 2 fois.
Nutello
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Re: Guido Buzzelli

Message par Nutello »

Le recueil commence donc avec la deuxième bande dessinée de Guido Buzzelli, « Le labyrinthe ». Sa première bande, « La révolte des ratés », a été publiée au 2e trimestre 1974, n° 1 de la collection Bouquins Charlie.
http://lecturederaymond.over-blog.com/a ... 81223.html
http://frboudet.pagesperso-orange.fr/revolte.html
https://www.bedetheque.com/BD-Revolte-d ... 26829.html


Guido Buzzelli nous dépeint une société de type préhistorique où la population est divisée en deux castes, un peu comme dans « Metropolis » de Fritz Lang. Les Ratés, êtres laids et difformes, travaillent comme esclaves dans des cavernes ; et les Parfaits, êtres beaux et oisifs, vivent du travail des précédents et ne se préoccupent que de badineries et de futilités, telles que discuter de la taille des piscines ou admirer de l’art insignifiant.
Ils déclenchent aussi des guerres, dans lesquelles ce sont les Ratés qui tiennent le rôle de chair à canon.

La satire sociale est un peu lourde, mais le récit est agréable pour cause d’humour.
Comme on peut s’y attendre, et comme le titre le laisse entendre, les Ratés fomentent une révolution pour renverser les Parfaits, prendre leur place, prendre leurs femmes, jouir de leurs privilèges, dans une démonstration de haine vengeresse.
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Mais en définitive, une fois le calme revenu, au résultat la situation après la révolution n’a guère changé par rapport à ce qu’elle était avant.
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Modifié en dernier par Nutello le dim. 25 mars 2018, 20:08, modifié 3 fois.
Nutello
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Re: Guido Buzzelli

Message par Nutello »

L’un des derniers albums de Guido Buzzelli scénarisé par lui-même, « L’agonone » de 1976, a pour sa part été publié au 1er trimestre 1980 aux éditions Dargaud, n° 28 de la Collection Pilote.

Guido Buzzelli y continue ses mêmes jeux d’emboîtements. Tout comme pour « L’interview », la première page est en plan subjectif où le lecteur découvre la scène à travers le point de vue du personnage.
Et dans ce récit, Guido Buzzelli se met une fois de plus en scène lui-même, mais cette fois en donnant ses traits non à un personnage, mais deux. Les deux personnages principaux – dont l’un est auteur et metteur en scène de théâtre, possible métaphore de l’auteur et dessinateur de bande dessinée -, sont deux sosies portant une nouvelle fois les traits barbus de l’auteur et dessinateur Guido Buzzelli.
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Un auteur et metteur en scène de théâtre, Tek Ciopaka, à la recherche de l’acteur principal de sa prochaine pièce, croise donc son sosie, portant pour nom l’anagramme Katapeckio, curieux lascar plus ou moins assassin, et par souci de recherche de réalisme, lui propose le rôle.
Le dénommé Katapeckio, de par sa personnalité écrasante, prend de plus en plus d’ascendant sur Tek Ciopaka, le remplace progressivement. Il est non seulement l’acteur principal de la pièce du récit mais en devient presque aussi son auteur, et le personnage principal du récit lui-même.

Pour le choix du reste de la troupe, Katapeckio, introduit Tek Ciopaka dans une société de « gangsters, assassins, entremetteurs, putes, maîtres-chanteurs, crétins et vicelards de tous poils »
Cette étrange compagnie se prend de plus en plus au jeu et, au sein du récit, théâtre et réalité se confondent en un ensemble complexe où viennent encore intervenir rivalité entre truands et retournements politiques.

Le plus réaliste – ou celui qui a le moins recours à des éléments fantastiques – des albums de Guido Buzzelli, et aussi le plus subtil ?


Analyse de Marie-Ange Guillaume :
http://frboudet.pagesperso-orange.fr/agnone.html

« Buzzelli a encore les pires ennuis avec sa propre image.
Dans une autre histoire, il était équipé de bras et de jambes détachables qui passaient le plus clair de leur temps à aller enquiquiner ses contemporains. Dans celle-ci, il se dédouble. Lui, Buzzelli-Teckiopaka, est un auteur dramatique pétri de sentiments égalitaires qui tente naïvement d'exorciser dans une pièce de théatre les noirceurs du monde. C'est bien une idée d'intellectuel. Son jumeau et personnage principal, Buzzelli-Katapeckio, n'est pas une affaire : crapule d'égouts sans foi ni loi ni morale, il pense que, dans un monde peuplé de bourreaux et de victimes, il vaut mieux être bourreau et agir en conséquence. Ce qui fait que cette pièce, jouée par d'authentiques assassins, putes et vicelards en tous genres comme Buzzelli sait les cauchemarder, débordera largement l'imagination de l'auteur. Tout le monde zigouillera tout le monde et, metteur en scène et roi des égouts, liés comme le jour et la nuit, échoueront ficelés dans le même paquet dérisoire.
Il ne restera que l'agnone, symbole inconscient de toutes ces chimères, sombre bestiole entre agneau et lion (peut-être), capable de tous les extrêmes, du bien au mal. Capable, par exemple, de batifoler tendrement avec un jeune chien, jusqu'au moment où elle le bouffe parce que tel est son bon plaisir, ou sa logique.
Les bons et les méchants, ça n'existe pas. Victimes et bourreaux sont interchangeables et ce qui compte, c'est le Pouvoir lui-même, qui peut changer de bord, de mains et de têtes sans que ça change rien à rien.
Inutile de dire que, comme « La révolte des ratés », cette histoire-là (parue dans Charlie Mensuel) est noire, infernale, sans espoir. Marrante, aussi, parce que, cauchemarder dans la nuit des autres donne le recul qu'on n'a pas forcément dans sa propre nuit. «

M.-A. Guillaume
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Buzz-f3.jpg (20.1 Kio) Vu 1923 fois
Modifié en dernier par Nutello le lun. 19 mars 2018, 10:17, modifié 6 fois.
Nutello
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Re: Guido Buzzelli

Message par Nutello »

Un récit de Guido Buzzelli figure dans un petit format, une adaptation d' « Ayesha » de Henry Rider Haggard en 2e partie dans Akim n° 480 à 488 (août à décembre 1979).

Nous avons là un long périple de trois années de deux personnages à travers un décor très austère de montagnes tibétaines jusqu'à un finale mystique dans un temple construit sur un volcan avec en scène apparitions spectrales, prêtresse qui maîtrise la foudre, momie égyptienne vivante, dématérialisation et réincarnation, immortalité et éternité...

Si je comprends bien Pierre de Database, l’adaptation scénaristique est d’un certain Milo Milani signant Piero Selva ?
viewtopic.php?f=1&t=7430&p=909429#p909429

Et il y en aurait d'autres :
viewtopic.php?p=330782&highlight=
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Doc Mars
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Re: Guido Buzzelli

Message par Doc Mars »

Superbe exposé, nutello :pouce:
Tina 056 - 43_cr1.jpg
Tina 056 - 43_cr2.jpg
Sandie (Tina n°56)
et dans la collection "Un homme, une aventure" chez Dargaud
bengale_001.jpg
bengale_017.jpg
* Je recherche: Aigle d'or (série 1) n°3-7-22; Antares n°111; Arc en Ciel n°1-15; Astrotomic n°38; Biggles n°11-20; Big Horn n°12-13-15-16-17-26-28; Biribu n°10; Bison Noir (SFP) n°6-10; Bliz n°4; Cap.7 (2e série) n°2-8; Fantasia n°27; French Bill n°21-22-23; Flingo n°9-16-26; Hoppy (série 1) n°1-4; Hoppy (série 2) n°7; Jim Taureau (3 PF) n°6-13-20; Joé Texas n°18-35; Johnny Speed n° 21; Johnny Texas n°37-47-48-49; Kali n°2; Kid Colorado (SER) n°18-25; King la Jungle n°9-10; Kwaï Noblesse n°10; Lancelot n°94-100; Marco Polo album n°16; Old Bridger et Creek n°67-71; Pato n°5; Pecos Bill (série 2) n°15; Princesse n° 23-43-51-56; Rancho n°9-10-14-21; Sans Peur n°104 (03-04/1960 -SEG); Super Boy n°100-103; Super J n°29; Teddy (série 1) n° 3-4; Tenax n°1-3-14; Totem (série 2) n°3-4; Yowa n°6;

"Si on ne peut avoir la réalité, un rêve vaut tout autant." Ray Bradbury, Chroniques Martiennes
Mars et la Science-Fiction http://www.sfmars.com
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mario
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Re: Guido Buzzelli

Message par mario »

Je crois bien avoir tous les albums de Buzzelli en français.

Plus quelques bandes dans divers magazines et quelques PF d'Artima. Je n'ai pas les Akim par contre.

Un de mes auteurs fétiches.

Merci pour le boulot, Nutello.
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drou
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Re: Guido Buzzelli

Message par drou »

Superbe travail Nutello, j'ai connu aussi cette série des Ratés de dans Charlie Buzzelli avant d'acheter l'album paru en:
Bouquin Charlie. Un grand auteur de BD de plus.
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PIFcollector
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Re: Guido Buzzelli

Message par PIFcollector »

Encore une excellente synthèse Nutello.
Merci beaucoup.
Attention !! Les photos que je poste ne sont pas systématiquement les miennes. Elles ont pu être glanées sur internet (google, ebay, forums). Aucune ne faisait mention de propriété intellectuelle, de droit à l'image ou d'interdiction de diffusion. J'en remercie les Créateurs qui ont, bien entendu, la possibilité d'en réclamer la paternité ou d'en demander le retrait.
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mario
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Re: Guido Buzzelli

Message par mario »

Il a également illustré quelques Histoire de France chez Larousse.

Et aussi le premier Texone.
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leo
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Re: Guido Buzzelli

Message par leo »

et dans pif gadget :good:
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mario
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Re: Guido Buzzelli

Message par mario »

leo a écrit :et dans pif gadget :good:
Ah oui?

Tu peux préciser?
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drou
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Re: Guido Buzzelli

Message par drou »

Sur le site de BD oubliées.
http://bdoubliees.com/vaillantpif/annees/1982.htm
Couverture de Pif 682 par exemple et aussi le n°688.
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leo
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Re: Guido Buzzelli

Message par leo »

aussi dans pif 887 par exemple
pif-9bf631.jpg
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mario
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Re: Guido Buzzelli

Message par mario »

Très chouette la version de King Kong par Buzzelli. Je ne connaissais pas. Je vais chercher ce Pif. C'est sur un ou plusieurs numéros ?

J'ai chiné ça il y a quelques mois ( un bouquin chez Pauvert de 81 avec de nombreuses illustrations de Buzzelli ) :
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Tovenaar
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Re: Guido Buzzelli

Message par Tovenaar »

Je confonds avec Dino Buzzati ! :arfl:
Image Don't Cast Pearls Before Swine Image Empty Vessels Make Most Noise
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