----- Jonathan (veste bleu) ------
Avec le même genre de foi superstitieuse que celle qui incite les pilotes de bombardiers à voler dans les nuages de fumée de la DCA, ou les bûcherons à s'abriter des orages sous des arbres déjà fendus par la foudre Jonathan s'efforçait de persuader son corps. Encore un pas et tu pourras te reposer. Voilà. Voilà. Allez, encore un pas.
-------Karl (veste rouge)--------
-Vous prenez des somnifères pour dormir en bivouac, Herr Doktor ?
-En général.
-Pourquoi ? L'inconfort ? La peur ?
-Les deux.
Karl éclata de rire.
-Intéressante tactique ! En avouant tranquillement avoir peur vous donnez l'impression d'être un homme très sage et très brave. Il faudra que je me souvienne de celle-là.
-------Jean Paul (veste verte)-------
-Herr Doktor ? Dit-il sans lever les yeux. Vous ne m'aimez pas beaucoup, n'est-ce pas ?
-Non, pas beaucoup.
Karl acquiesça.
-C'est ce que je pensais. Vous me trouvez... déplaisant ?
-Déplaisant, oui. Et puis socialement stupide et terriblement peu sûr de vous.
Karl eut un rire rauque.
-Moi ? Peu sûr de moi ?
-Mais oui. Avec la surcompensation habituelle pour vos sentiments d'infériorité totalement justifiés qui sont la marque de l'Allemand typique.
-Trouvez-vous toujours les gens typiquement ceci ou cela ?
-Seulement ceux qui sont typiques.
-Comme la vie doit être simple pour vous.
-Non la vie n'est pas simple. La plupart des gens que je rencontre le sont.
--------Anderl (veste jaune)---------
-Je ne pense jamais à la chute. A quoi bon ? Si une chute doit se produire, elle arrivera sans que j'y pense. Je pense à grimper. Ça, ça demande de la réflexion. Il ponctua cette simple philosophie en poussant dans sa bouche un dernier morceau de chocolat. C'était le plus long discours que Jonathan avait jamais entendu sortir de la bouche d'Anderl.
LA SANCTION
Clint Eastwood en a tiré un film très quelconque (la musique de John Williams est cependant superbe) mais le roman de Rodney Whitaker (véritable nom de l'auteur, dont Trevanian est le nom de plume) est d'un tout autre niveau. Très sobrement la quatrième de couverture se contente d'annoncer que le style de l'auteur est "brillant".
Pour une fois qu'un éditeur n'exagère pas !
On aurait même envie de dire que le style de l'auteur est "exceptionnel" tant l'écriture est d'une rare intelligence.
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