zaitchick a écrit :
Note que transposer l'action dans un autre pays et à une autre époque reste un moyen de critiquer un système : dans les Tuniques bleues par exemple, à travers la Guerre de Sécession, c'est toutes les guerres et le militarisme qui passe à la moulinette, notamment la glorification de 14-18.
Cauvin est un peu ambigu à ce niveau-là, je trouve... Qu'il soit contre la guerre est une chose. Pour l'antimilitarisme, c'est moins clair. Cauvin n'a jamais caché qu'il avait fait son service militaire (à son époque, c'était encore une obligation) et ne semblait pas trop aimer ceux qui avaient tout fait pour y échapper.
Dans ses premières séries « qui marchent » il met souvent en scène des personnages militaires :
Les Tuniques Bleues (1968),
Câline et Calebasse (1969),
Godaille et Godasse (1975)... S'il ne les aime pas, pourquoi les prendre comme héros pour ses séries ?
En fait, ce qui semble particulièrement irriter Cauvin, ce sont les officiers, souvent représentés comme des imbéciles et / ou des incompétents.
Son chef-d’œuvre avec les
Les Tuniques Bleues, je pense que c'est l'album
Les Déserteurs (1973) qui met en scène une foule de personnages avec des psychologies assez complexes.
Le Capitaine Joyce est probablement l'officier ayant la personnalité la plus difficile à décrypter dans la série...
Tout semble indiquer que le bonhomme, apparemment dur et inflexible, cache en réalité son manque de confiance derrière un masque de fausse virilité. Dans l'album, le seul moyen de le comprendre est de voir les réactions de Joyce face aux personnages qui sont des durs authentiques (comme le gros Mike) ou des « efféminés » (comme l'invraisemblable "Petite Fleur" dont on se demande comment il est arrivé là).
En fait, Joyce est probablement jaloux d'un personnage comme Mike, tout simplement parce qu'il le voit comme un authentique guerrier (ce que Joyce croit ne pas être), et méprise "Petite Fleur" parce qu'il le voit comme manquant de virilité et de courage (ce que Joyce ne veut surtout pas être).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_D%C3%A9serteurs
“La barbarie est l'état naturel de l'humanité, [...]. La civilisation n'est pas naturelle. Elle résulte simplement d'un concours de circonstances. Et la barbarie finira toujours par triompher.” ― Robert E. Howard.