Jean-Louis a écrit :Effectivement, terminologie différente pour chacun.
Perso, j'appelle intégrale la collection complète d'une série d'albums maquettés pour faire un ensemble, ce qui est particulièrement flagrant quand leurs dos forme une frise. Que chaque volume comporte une ou plusieurs histoires n'est à mon avis pas le critère déterminant pour infirmer ou confirmer la dénomination.
Par exemple, la série de 10 albums n/b de Gaston Lagaffe Le Soir est aussi pour moi une intégrale....
Par contre, le regroupement de plusieurs albums initiaux des Pieds Nickelés dans de gros volumes, pour la série "Le meilleur des Pieds Nickelés" chez Vent d'Ouest, n'est pas pour moi une intégrale ; ce sont des compilations.
Tu peux effectivement refaire le monde à ta façon. Si tes interlocuteurs te comprennent, c'est bien pour toi.
De mon expérience basée sur environ 60.000 albums de BD franco-belge, tous les éditeurs appellent intégrale un regroupement de plusieurs albums complets en un seul. Quand on a tous les albums de base d'une série, rééditions ou pas, la série est dite complète, mais il n'y a presque que toi qui appelle ça une intégrale, ou alors le mot intégrale en adjectif est parfois utilisé : une série intégrale doit être considérée différemment d'une série d'intégrales.
Les albums Gaston n&b Le Soir sont un peu durs à qualifier car ils reprennent en chronologie les histoires de Gaston jusqu'en 1969, il me semble, alors que Franquin a continué bien après. Il n'y aurait pas de correspondance directe avec les albums publiés avant, et il n'y aurait pas tout. J'appellerais ça une nouvelle série réorganisée incomplète, pas une intégrale.
Quand aux compilations, tu peux aussi avoir ton sens, mais il n'est pas cohérent avec celui des dictionnaires. Une compilation est composée d'extraits de textes divers mis ensemble. (en informatique, compiler, c'est mettre des bouts de programmes ensemble). En ce sens, beaucoup de best-ofs sont des compilations, mais les gros albums de vents d'ouest n'en sont pas car ils reprennent des albums complets. Ce sont donc des intégrales. Dans la notion d'intégrale telle qu'utilisée par tous les éditeurs de franco-belge, ce terme n'indique pas forcément (hélas) que tous les albums initiaux ont été repris. Une intégrale peut donc être incomplète, le mot ne doit tromper personne. Il y a même des intégrales qui 'reprennent' des histoires qui ne sont pas parues en albums. Evidemment, le mot 'reprennent' n'a pas de sens ici et les lecteurs sont souvent fâchés : être obligés de racheter deux albums qu'ils ont déjà pour obtenir le 3e qui n'est pas paru en indépendant, c'est du vol .... Il y a des éditeurs comme Soleil qui font des intégrales par 2 puis par 3 puis par 4. N'importe quoi. Pour les comics, c'est encore pire. Il n'existe quasiment pas de véritable intégrale par rapport aux productions françaises. Les histoires de Spider-Man, pour ne citer que lui, telles que publiées en France, ont été mélangées à d'autres héros. Le mot intégrale n'a donc de sens que par rapport aux versions américaines. Quand la série dure longtemps, des éditeurs différents vont republier des compilations d'histoires françaises par 2 ou par 4 ou par 8, qui ne sont des intégrales que par rapport à la version américaine.. Même le BDM ne s'y retrouve pas en annonçant chaque t1 refait comme une réédition des précédents alors qu'ils contiennent plus ou moins d'histoires.
Les PFs et les mangas, pour ne citer qu'eux n'ont pas la même approche. En pf on parle de recueils et en général, le terme d'intégrale n'est pas utilisé. C'est aussi peu courant en Mangas ou l'on parle de volume doubles ou triples.
Mais bien évidemment, tu peux toujours appeler un chien canard et un chat lapin. C'est ta liberté.
Et tu peux aussi ranger ton chat avec le lapin, dans le frigo. Pauvre bête. (le chat, hein ! pas toi.)
La raison pour laquelle il est intéressant d'utiliser des mots qui ont le même sens est que c'est déjà assez compliqué comme ça. S'il faut en plus que chacun utilise sa propre définition des mots, plus personne ne se comprendra. C'est un peu ce que j'essaye avec la Database. Par exemple, je ne mélange pas série et collection. J'assimile recueil et intégrale. Il faut utiliser un vocabulaire et un mode de classement normalisés, avec un glossaire, pour que chacun ne soit pas pollué par ce qui ne l'intéresse pas, et que le sens des mots usuels soit confirmé et utilisé par tous. Tu peux aussi parler serbo-croate, il doit bien y avoir des visiteurs qui te comprendront.
Chacun prend souvent des habitudes, sans par exemple faire référence au dictionnaire. Un super exemple de bêtise est l'usage que le BDM a fait pendant un temps des noms des dessinateurs coréens. Il ont commencé à les enregistrer sans même essayer de savoir comment ça marchait, et avec des références à la française. Un coréen nommé Park Huyn Se, s'est vu abrége en P.H. Se alors que le patronyme est Park et Se n'est que le deuxième prénom. Pour les japonais, c'est aussi compliqué si on n'y travaille pas un peu avant. Dans Hiromi Sakura, quel est le nom et quel est le prénom ? A force de stocker des bêtises, ils ont un jour décidé de supprimer tous les mangas du BDM. 15.000 références en moins d'une édition à l'autre, ce qui ne les a pas empêchés d'annoncer 20.000 albums de plus. Tout cela pourrait être fait avec plus de sérieux.