CRISWEL a écrit :
Cependant, de ces ouvrages, je n'arrive qu'à lire "Le Trésor de Beersel"... Je me souviens avoir lu les autres à l'âge de 10 ans mais là, pour les lire à nouveau... je n’accroche pas.
A croire qu'on ne peut les apprécier que dans le temps de l'enfance... Je me souviens bien quand j'ai décroché la première fois. On en parlait dans la coure de l'école primaire : "Comment ça se fait que Bob, qui doit avoir 14 ans arrive à conduire un avion, une voiture, une moto, un sous-marin ? Comment arrive-il à se battre à mains nues contre des gangsters armés ? Comment ça se fait qu'on voit toujours Bob et Bobette revenir de l'école, faire leurs devoirs mais ne jamais les voir dans une classe ?"
Comme on le voit, le temps n'est pas éternel chez Vandersteen...
Les albums de la Collection Bleue paraissent atypiques, avec une " famille " réduite à Bob / Bobette / Monsieur Lambique. Vandersteen avait été obligé de laisser au placard Tante Sidonie, Jérôme et même le professeur Barabas avec sa machine à explorer le temps. Ce qui obligeait Vandersteen a inventer des subterfuges scénaristiques pour expliquer la propulsion des héros dans le passé.
Le cas du
Le Fantôme espagnol donne d'ailleurs la clé du reste : les héros retournent dans le passé, mais tout se fait par le biais d'un rêve... En somme, Vandersteen montre bien qu'il s'agit là essentiellement de voyages oniriques, et pas de vrais voyages physiques.
Maintenant, c'est vrais : à chacun ses madeleines de Proust. Certains albums de
Bob et Bobette me paraissent admirables (ne serait-ce qu'au niveau du graphisme) mais je les aime nettement moins que d'autres. Et la plupart de mes albums favoris, je les connais depuis 40 ans, au moins.
Tovenaar a écrit :
Vandersteen avait dû se soumettre à la vision d'Hergé et de Jacobs et ce ne devait pas être naturel pour lui.
Cependant, pour faire comme Jacobs, il avait particulièrement soigné les détails et les décors.
J'ai vu des études dans des revues flamandes où on faisait correspondre des vignettes avec des photos de la réalité, des vues de Paris dans "Les Martiens sont là", par exemple.
Il y a eut du bon et du moins bon dans cette collaboration avec Hergé... Il semble que vouloir se faire éditer dans les pages de Tintin a poussé Vandersteen à évoluer graphiquement, et de manière considérable. Il suffit de voir le graphisme - non retouché ! - des toutes premiers histoires de Vandersteen pour se rendre compte que Bob et Bobette étaient d'abord impubliables chez Tintin...
On sait que c'est
Le Fantôme espagnol qui a servi de passeport pour Vandersteen. Et l'album reste aujourd'hui une pierre angulaire de la BD belgo-belge, même si sa notoriété est bien moindre que celle des albums de Hergé ou d'autres auteurs de l'Âge d'Or.
Pour le reste, c'est vrais... Les exigences de Hergé, qui bridaient l'imagination de Vandersteen, ont certainement fini par le lasser. J'aime beaucoup
Les Martiens sont là mais, au fil du temps, plus je le lis, plus j'ai l'impression que cette histoire avait tapé sur le système de Vandersteen... C'est une histoire faussement cartésienne, où les révélations finales (aussi farfelues que bancales) n'expliquent pas grand chose ! Ce n'était pas dans ce genre de récit que Vandersteen excellait...
Pour moi, son meilleur album, c'est
La Trompette Magique. Et c'est certain que Hergé n'aurait jamais accepté un tel délire psychédélique dans
Tintin.
“La barbarie est l'état naturel de l'humanité, [...]. La civilisation n'est pas naturelle. Elle résulte simplement d'un concours de circonstances. Et la barbarie finira toujours par triompher.” ― Robert E. Howard.