† Décès de Alain Jessua
Posté : dim. 10 déc. 2017, 07:03
Alain Jessua s'en est allé lui aussi il y a quelques jours...
J'avais beaucoup aimé son film Jeu de massacre (1967). Si vous ne connaissez pas voici un petit aperçu de l'histoire ci-dessous.
Pierre (Jean-Pierre Cassel) et Jacqueline (Claudine Auger) forment un couple d’artistes de bandes dessinées, Pierre rédige les textes que sa femme se charge de mettre en image. La soudaine apparition dans leurs univers de Bob (Michel Duchaussoy) personnage haut en couleur, totalement fantasque et mythomane de haut vol, stimule l’imagination de Pierre qui décide de s’en servir comme modèle pour sa prochaine histoire. De son côté Bob glisse progressivement dans l’univers de la BD au point de s’identifier totalement au héros de l’histoire, ce qui n’est pas sans conséquence dramatique...
On retrouve ce style d’Alain Jessua qui lui vaudra la célébrité avec son fameux traitement de choc (1973) à la fois mélange de volupté et de manipulation mentale, le tout entrecoupé de passages cynique sur un monde qui l’est encore plus.
Bob le rêveur n’est jamais que la représentation de ces millions de lecteurs anonymes qui rêvent d’aventures parce qu’ils ont eux-mêmes rénoncé à une vie d’aventure. Coincé dans un quotidien tranquille, routinier et rassurant (bob est le fils d’une famille bourgeoise et l’action se déroule en Suisse), le rêve représente finalement la seule possibilité d’accéder à des sentiments forts, puissants.
Pendant l’essentiel du film Jean-Pierre Cassel semble distant, transparent et son éloignement est à l'image d’un dieu (qu’il est aussi en tant que créateur) qui observe sa créature en train de se débattre avec une histoire qui peu à peu se dérobe. Si bob glisse dans la folie c’est parce qu’il a le sentiment d’être au centre de l’histoire (l’homme ce champion de la création) mais dont il ne maîtrise cependant pas le sens.
Film hybride à l’image de ce rassemblement étonnant où se croise le producteur Alain Belmondo (le frère de Jean-Paul) un Claude Zidi (qui n’est alors que cadreur) le pop art de Guy Peellaert et la musique de Jacques Loussier (ici très loin de Vidocq ou de Thierry la fronde) mais beau film porté tout entier par un Michel Duchaussoy survolté et par un scénario intelligent (récompensé d’ailleurs d'un prix à Cannes).
Merci monsieur Jessua.
J'avais beaucoup aimé son film Jeu de massacre (1967). Si vous ne connaissez pas voici un petit aperçu de l'histoire ci-dessous.
Pierre (Jean-Pierre Cassel) et Jacqueline (Claudine Auger) forment un couple d’artistes de bandes dessinées, Pierre rédige les textes que sa femme se charge de mettre en image. La soudaine apparition dans leurs univers de Bob (Michel Duchaussoy) personnage haut en couleur, totalement fantasque et mythomane de haut vol, stimule l’imagination de Pierre qui décide de s’en servir comme modèle pour sa prochaine histoire. De son côté Bob glisse progressivement dans l’univers de la BD au point de s’identifier totalement au héros de l’histoire, ce qui n’est pas sans conséquence dramatique...
On retrouve ce style d’Alain Jessua qui lui vaudra la célébrité avec son fameux traitement de choc (1973) à la fois mélange de volupté et de manipulation mentale, le tout entrecoupé de passages cynique sur un monde qui l’est encore plus.
Bob le rêveur n’est jamais que la représentation de ces millions de lecteurs anonymes qui rêvent d’aventures parce qu’ils ont eux-mêmes rénoncé à une vie d’aventure. Coincé dans un quotidien tranquille, routinier et rassurant (bob est le fils d’une famille bourgeoise et l’action se déroule en Suisse), le rêve représente finalement la seule possibilité d’accéder à des sentiments forts, puissants.
Pendant l’essentiel du film Jean-Pierre Cassel semble distant, transparent et son éloignement est à l'image d’un dieu (qu’il est aussi en tant que créateur) qui observe sa créature en train de se débattre avec une histoire qui peu à peu se dérobe. Si bob glisse dans la folie c’est parce qu’il a le sentiment d’être au centre de l’histoire (l’homme ce champion de la création) mais dont il ne maîtrise cependant pas le sens.
Film hybride à l’image de ce rassemblement étonnant où se croise le producteur Alain Belmondo (le frère de Jean-Paul) un Claude Zidi (qui n’est alors que cadreur) le pop art de Guy Peellaert et la musique de Jacques Loussier (ici très loin de Vidocq ou de Thierry la fronde) mais beau film porté tout entier par un Michel Duchaussoy survolté et par un scénario intelligent (récompensé d’ailleurs d'un prix à Cannes).
Merci monsieur Jessua.