PFA : Ophélie - Cimiteria - Super-Terrifiant

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On retrouve dans cette série bien des constantes de Jacula et Zara : rencontres avec des jeunes nobles et des hommes riches ; élévations sociales, déchéances, fuites et ré-élévations sociales successives ; enfermements-évasions ; voyages incessants ; rencontres avec des monstres et des hommes cruels...

VIOLENCE ET EROTISME.
Une nouvelle fois, la vengeance constitue le meilleur prétexte pour justifier des scènes de violence et de règlements de comptes.
Ophélie foudroie délibérément un homme qui l'a insultée et giflée (Super-terrifiant n° 1) ;
elle fait exploser un amateur de femmes hors du commun qui l'a enlevée et violée, et coupe la langue de son complice (n° 12) ;
elle transperce d'un coup de canne épée (n° 17) un médium qui a cherché à lui extorquer de l'argent (n° 16) ; l'esprit du médium persécute à son tour Ophélie (n° 17) ;
citons la vengeance des indiens contre Custer (n° 15) ;
croyant avoir été trahie par Jef, Ophélie veut l'abattre d'un coup de revolver (n° 19) ;
Mystéria, fille d'Ophélie, poignarde les deux hommes qui l'ont violée, puis un autre qui s'est masturbé dans sa main pendant son sommeil (n° 20) ;
quand Ophélie veut tuer sa fille, devenue vampire, celle-ci la torture (n° 21) ;
Ophélie castre, transperce d'un fer et étouffe le bourreau qui l'a torturée et violée (n° 21) ;
les détenues d'un pénitencier lynchent la directrice (n° 22) ;
un couple de vampires punit l'homme qui les a enfermés dans une cage et qui a violé la femme (n° 23, 24) ;
un homme, que sa maîtresse a voulu empoisonner, empoisonne celle-ci à son tour (n° 25) ;
une sorcière maudit la femme qui a tué son enfant par accident (n° 26) ;
une sorcière séduit Jef, Ophélie la fouette ; la sorcière lui lance un maléfice, Ophélie la tue (n° 28) ;
une sorcière mendiante jette un sort à Ophélie qui lui a refusé la charité, et la frappe de cécité (n° 43) ;
un homosexuel incendie la roulotte où se trouvent l'homme qui l'a éconduit et sa maîtresse ; l'homme, défiguré par le feu, le retrouve et lui arrache la langue (n° 44) ;
un amoureux éconduit transforme la femme dont il est épris en femme-araignée ; celle-ci le dévore (n° 48) ;
Ophélie veut la mort du collectionneur qui a noyé une naine et un contorsionniste dans du formol et a voulu la faire décapiter (Satires n° 48).

Si les premiers épisodes montrent Ophélie indéfectiblement vêtue de la longue robe blanche que Jef lui a enfilée en début de série, il lui arrive par la suite de se montrer, ainsi que d'autres personnages féminins épisodiques, dans les mêmes tenues suggestives que ses consœurs précédemment étudiées.
On peut l'apprécier seulement vêtue de bijoux (Super-terrifiant n° 7 p. 84, n° 25 p. 183) ou dans une tenue de monte-en-l'air, identique à celles de Jacula (Jacula n° 3, 21, 22, 23) et Zara (Zara n° 21, 22), pour s'introduire dans une prison (Super-terrifiant n° 4), pour régler ses comptes avec un médium (Super-terrifiant n° 17), chasser le vampire (Super-terrifiant n° 23) ou s'introduire nuitamment chez un entomologiste (Super-terrifiant n° 32).
On remarquera également la tenue tendance heroïc-fantasy de la reine des Huns (Super-terrifiant n° 39 p. 94, 96, 101 à 103, 118 à 124, 126, 134, 135).

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PERSONNAGES.
Ophélie peut se montrer cruelle autant que ses consœurs Jacula et Zara.
Elle torture et mutile une femme qu'elle a enlevée, pour faire céder son mari, directeur d'une prison (Super-terrifiant n° 1), puis la livre aux rats (Super-terrifiant n° 2).
Elle assassine un homme uniquement dans le but de se faire enfermer dans un asile (Super-terrifiant n° 4), torture un fou en lui ravageant le visage à l'acide, puis le brûle vif (Super-terrifiant n° 5).

Ophélie se révèle par ailleurs être un parfait personnage de victime. Inconnue ressuscitée par un mage, amnésique, victime d'une malédiction, elle s'éprend d'un jeune homme qui est pendu. La résurrection de ce dernier par le mage tourne au drame. "Le sort s'acharne contre moi" se lamente-t-elle (Super-terrifiant n° 2 p. 62).
Possédée par un loup-garou (n° 1), enlevée par un dément (n° 2), hypnotisée par une momie (n° 9, 10), enlevée par des nains (n° 12), elle meurt brûlée vive dans l'incendie de sa demeure (n° 19).
Ressuscitée une seconde fois contre son gré (n° 20), elle découvre que sa fille est une vampire qui en outre la fait torturer (n° 21). Cherchant à se suicider, elle n'y parvient pas, Satan refusant sa mort (n° 21).
Son amant, Jef, est assassiné par un homme jaloux (n° 41). Accusée du meurtre, Ophélie doit fuir. "Je suis à nouveau seule, malheureuse, et traquée par la police" (n° 41 p. 62). "Sans argent, sans papiers, sans ami, que vais-je devenir ?" se demande-t-elle encore plus loin (n° 42 p. 1).
Elle se fait violer, fouetter et torturer (n° 4, 16, 21, 22), est contrainte à la prostitution (n° 22, 42). Tombant aux mains d'un proxénète de la Nouvelle Orléans, elle est prostituée de force, devant "contenter jusqu'à cinquante clients par jour" (n° 42 p. 15). Ophélie s'inscrit dans la lignée de Marguerite et, à un degré moindre, de Jacula.

MONSTRES, SPECTRES ET PHENOMENES.
Avec Jef, la série Ophélie a elle aussi son bossu parmi les personnages principaux. A sa mort (n° 41), un autre serviteur bossu et bancal lui succède (n° 42, 43).
Aux personnages étranges "classiques" recensés plus haut, vampires (Super-terrifiant n° 20, 21, 23, 24, 45, 49), loup-garou (n° 1, 30, 31), morts-vivants (n° 2, 5, 7, 26, 34, 47), momie égyptienne (n° 9, 10), momie aztèque (n° 16), squelettes vivants (n° 32), spectres (n° 5, 17), femme amphibie (Série blanche n° 5), homme-poulpe (Super-terrifiant n° 26, 27), femme-araignée (n° 48), insectes, scorpion et poulpe géants (n° 34, 35), homme géant (n° 35), King Kong (n° 14 et 15), homme paralysé aux pouvoirs paranormaux (n° 24), il faut en adjoindre quelques autres :
homme défiguré par la variole (n° 2),
bibliothécaire qui se transforme en cerveau indépendant (n° 18, 19),
homme irradié par un cristal radioactif et capable de liquéfier tous les êtres qu'il touche (n° 36, 37),
mort-vivant brûlé par la foudre (n° 2),
homme-loup (n° 43),
robot à l'effigie de Dracula (n° 27).
On peut distinguer enfin divers types d'extra-terrestres : nain d'Andromède (n° 13), extra-terrestres morts-vivants à quatre bras de Gowen (n° 13), homme à crête de coq et oreilles pointues d'Aldébaran (n° 33).

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HUMOUR.
Certaines scènes ne manquent pas de sel, ainsi celle où Ophélie, qui a perdu la mémoire et ignore qui elle était, se rend à la morgue pour procéder "à une identification" (Série demi-jaune n° 35).
Quand l'employé s'étonne de ce que Ophélie ne regarde pas les corps qu'il lui présente, Ophélie déclare: "Le cadavre à identifier, c'est moi" (p. 20).

Un peu plus loin, quand un homme dans la rue se propose de la raccompagner et lui demande : "Où habitez-vous ?", Ophélie répond le plus naturellement : "Au cimetière" (p. 32).

Dans "Préhistoire" (Super-terrifiant n° 10), Ophélie ramène en Angleterre un homme de Neandertal trouvé dans un désert. Elle ne peut guère le laisser un instant sans surveillance. Tandis qu'elle achète un cheval et une voiture à un commerçant, elle entend un cri. Laissé à lui-même, le néandertalien s'est jeté sans retenue sur l'épouse de l'homme et la viole en levrette.

On peut noter la scène adaptée de la fin de Some like it hot de Billy Wilder, de 1959, avec Jef jouant le rôle de Jack Lemon déguisé en femme, avec la fameuse réplique "Nobody's perfect" (Super-terrifiant n° 9 p. 61 à 65).

Dans Super-terrifiant n° 15, un personnage féminin s'appelle Ilona Staner, ce qui fait étrangement penser au vrai nom de la Cicciolina, Ilona Staller.


CONTRADICTIONS ET ABSURDITES.
Quand Jef conseille à Ophélie d'éviter le château de Dracula, elle réplique : "Je ne te savais pas assez naïf pour croire à toutes ces fadaises" (n° 27).
Elle vient pourtant de combattre et de vendre un couple de vampires (n° 23, 24), et même d'affronter sa propre fille, vampire, Mystéria (n° 20, 21).
Elle a elle-même été auparavant ressuscitée deux fois, a rencontré un loup-garou (n° 1), des morts-vivants (n° 5, 7, 26), des momies vivantes (n° 10, 16), des spectres (n° 5, 17), et même des extra-terrestres (n° 13).
Difficile, dans ce cas, d'être si incrédule.

Plus loin, quand Ophélie, victime d'un maléfice, se retrouve avec quatre seins mais manifeste une autre fois son scepticisme, une voyante lui dit à juste titre : "Après ce qui vient de t'arriver, il me semble que tu devrais prendre tout cela plus au sérieux" (n° 28 p. 53).

On peut penser que cela tient à son amnésie consécutive à sa seconde résurrection (n° 20).
On peut craindre aussi que cela vienne plutôt de ce que le scénariste n'ait pas pris le temps de lire les épisodes précédant celui qu'il écrivait.
Ce que laissent présumer d'autres contradictions. Quand Ophélie meurt brûlée dans un incendie (n° 19), et est ressuscitée par la magie, elle a perdu la mémoire (n° 20) ; quand elle meurt brûlée sur le bûcher, et est ressuscitée par la magie une nouvelle fois, cette fois elle se souvient de son passé (n° 35).
Tantôt l'île de Man abrite une clinique pour cas médicaux exceptionnels (n° 6), tantôt une population exclusivement homosexuelle (n° 12).
Un jour Ophélie fait la charité à une vieille dame et prend sa défense contre l'agressivité d'un passant (n° 37), un autre jour elle refuse la charité à une autre vieille dame et l'agresse verbalement (n° 43).

Quelques absurdités sont aussi à noter. Ophélie et Jef parviennent à percer une ouverture dans un mur de grosses pierres à mains nues (n° 19).
Ophélie tire des coups de feu à Venise en pleine nuit, de quoi réveiller toute la ville, puis elle s'éloigne "furtivement" (n° 19).
Remarquons que Jef tire sept fois avec un "six coups" (n° 24 p. 157, 158, 159). Clin d'œil des auteurs ?

Dans "Allo? Ici la mort" (n° 47), Ophélie reçoit un appel téléphonique d'un mort ranimé par la foudre et qui se réveille dans sa tombe. Le mort ressuscité donne, par téléphone, à Ophélie l'adresse du cimetière (p. 99, 108, 109). Plus tard, on découvre que l'homme ignore qu'il est mort et a été enterré (p. 136 à 138, 149).
Questions : comment a-t-il pu donner l'adresse d'un lieu en ignorant qu'il s'y trouvait ?
Et comment a-t-il pu parler à Ophélie sans combiné, seulement avec le fil du téléphone ?

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COUVERTURES.
Excluons la couverture de Série demi-jaune n° 34, qui correspond à un épisode de Wallestein.
Si l'on considère les couvertures des 52 autres fascicules connus, le mode "scène unique" est nettement majoritaire.

Avant le n° 30 de Super-terrifiant, la plupart des illustrations de couvertures sont sans relation avec le contenu du fascicule. La suite est au contraire relativement fidèle.

Certaines couvertures sont "décalées" dans la série. La couverture de Série demi-jaune n° 35 présente ainsi une scène lascive entre Ophélie et Jef ; or Jef ne devient l'amant d'Ophélie qu'à partir de Super-terrifiant n° 5.

Si à partir du n° 31 de Super-terrifiant les couvertures illustrent les contenus des fascicules de manière assez fidèle, elles cherchent, auparavant, plutôt à créer un climat. Pour cela, elles misent principalement sur certains décors précis, les cimetières et les catacombes, en parfait accord avec le thème principal, et le titre italien - Cimiteria - de la série.

Comme pour Zara, un certain climat de sensualité règne sur les couvertures. La première de la série montre Jef caressant Ophélie nue dans une position étrange (Série demi-jaune n° 35).
Cette couverture présente donc à la fois l'un des décors privilégiés de cette série, des catacombes, et dans le même temps les deux principaux personnages en pleine activité érotique. Le ton est doublement posé ; la suite ne dément pas.

A une seule exception près (n° 27), chaque couverture présente une figure féminine déshabillée, parfois entièrement nue, surtout sur les premiers numéros et quelques-uns des derniers.
Pour le reste, le lecteur a encore droit à des exhibitions de sous-vêtements, de robes longues relevées sur une culotte noire, ou sur des jambes, déchirée (Super-terrifiant n° 13) ou arrachée par des morts-vivants (n° 14).
S'y ajoutent quelques situations érotiques : scènes de couples (n° 5, 40, 42), jeune femme se déshabillant (n° 22), jeune femme intimement caressée par un homme (n° 38), jeune femme dans les bras d'un mort-vivant (n° 2), mort-vivant soulevant la robe d'une autre (n° 19), scène de séduction saphique (n° 41).

Remarquons enfin que le lettrage du titre du récit est modifié à chaque épisode, que ce soit sur la couverture comme sur le dos, à travers un vaste choix typographique.

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De même qu'une affiche de cinéma a pour fonction de donner envie au public d'entrer dans la salle, une couverture de fascicule de bande dessinée doit donner l’envie à un lecteur éventuel d'acheter ledit fascicule.
La plupart des couvertures de Super-terrifiant sont, d'un point de vue graphique, assez quelconques. Certaines sont pourtant nettement plus incitatrices.

L'auteur de la couverture de Super-terrifiant n° 12 a choisi d'imiter la technique de Frank Frazetta, en particulier dans la peinture du démon à la peau luisante valorisant une musculature développée. Comme chez Frazetta, le fond derrière les figures et les principaux éléments de décor - le plus souvent le ciel -, est traité de manière floue, par des variations de nuances colorées sans ligne vraiment discernable.

La scène montre un rivage au bord d'une mer ou d'un lac. Un démon marche dans une faible hauteur d'eau vers une jeune femme endormie dans une barque en avant plan.
Le peintre a choisi une tonalité générale rose et mauve. Le tableau, structuré en profondeur selon un axe vertical dans le sens traditionnel de la lecture, présente dans la partie supérieure une palette de tons mauves figurant le ciel. C'est sur cette partie que viennent s'inscrire le bandeau portant le nom de la collection, et le titre de l'épisode. La partie centrale de l'illustration, dessinant l'eau, compose une vaste étendue rose à peu près uniforme où se découpe le démon. Dans la partie inférieure de l'image, le rouge d'une étoffe sur laquelle repose la jeune femme accroche enfin l'œil, faisant ressortir la carnation claire du personnage.
Le dessinateur a donc pris un parti non réaliste. Même par crépuscule rougeoyant, une mer ou un lac ne prend guère de telles colorations. L'illustrateur a-t-il, même à son insu, fait appel à des souvenirs enfouis, avec ces teintes évocatrices de barbe à papa des fêtes foraines et autres sucreries de l'enfance ? Le démon surgit-il de l'enfance pour accéder à autre chose ?

Le démon est à l'évidence menaçant. Il porte des lambeaux de vêtements pendants suggérant un mode de vie marqué par la violence. Ses bras sont dirigés vers l'avant dans un geste d'accaparement, ses doigts portent des griffes particulièrement impressionnantes, un effet de contre-jour lui assombrit le visage dans lequel brillent deux yeux écarlates, en correspondance avec la teinte du bouillonnement.

Il n'y a pas grand chose à dire de la figure féminine. Blonde, alanguie, elle montre ce qu'il faut de parties de son corps pour susciter le trouble tout en en cachant d'autres pour mieux prolonger ledit trouble : état d'équilibre – ou de déséquilibre ? – où est montré dans une sorte de signe d'encouragement sur la couverture du fascicule de quoi donner à l’éventuel acheteur une envie de découvrir une suite à l’intérieur.
La barque de facture ancienne fait elle aussi appel à un imaginaire médiéval, tout comme les deux bougeoirs.
Un crâne fiché à la proue, enfin, seconde l'image du démon pour créer le climat fantastique.

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Sur la couverture de Super-terrifiant n° 28, la perception de la scène est celle d'un ample mouvement d'ailes d'une chauve-souris géante et de l'étoffe que tient une jeune femme.

Le rose et le mauve de la couverture précédente ont laissé place à des teintes froides, une dominante bleue tirant d'un côté vers des ombres violettes, d'un autre vers le cyan plus vif.
L'étoffe rouge est elle-même passée du carmin chaleureux à un vermillon plus acide.

Le paysage de bord d'étendue d'eau et d'arbres a laissé place à l'austérité d'un piton rocheux découpé sur un halo blanc.
Le démon est devenu une chauve-souris, mais les oreilles pointues, les crocs et les griffes acérés de la seconde surenchérissent sur les griffes et le regard embrasé du premier.

Cette scène est en quelque sorte la suite de la précédente. L'instant figuré est celui de la capture suivant l'approche dans le tableau précédent. Car capture il y a, les positions des doigts griffus de la bête sur le bras et la cuisse de la jeune femme en attestent. Et son expression est sans nul doute celle du triomphe.

La jeune femme, saisie dans tous les sens du terme, est bien la même qu'auparavant.
Tout aussi blonde, tout aussi blanche, tout aussi dévoilée, tentant de retenir l'étoffe ou de s'y retenir, elle raidit son corps et seule sa chevelure flottante désordonnée marque la vivacité de l'événement et participe à son mouvement rapide.
L'acheteur éventuel peut se sentir concerné par cette vision : voilà donc ce que réserve le contenu du fascicule ?

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Autre capture, l'illustrateur de la couverture de Super-terrifiant n° 21 a choisi la représentation d'une idée originale. Un être au faciès simiesque décroche d'une croix sur laquelle elle était attachée une jeune femme, toujours blonde, toujours parcimonieusement vêtue.

Dans un mouvement de glissement depuis la partie supérieure droite, avec la forme complexe de l'instrument de supplice, la tache blanche de l'inscription, et bien sûr le visage féminin, le regard du lecteur suit l'orientation de la tête et du regard de l'homme primitif pour découvrir, en arrière-plan, un autre de ses congénères emportant une autre proie sur son épaule.
Les deux instants sont ainsi montrés en une seule scène, à travers un dédoublement de la figuration masculine : celui de la descente de croix, instant préliminaire, et celui de l'enlèvement consécutif.

Le néandertalien principal lui-même occupe une situation intermédiaire entre celle du démon du n° 12 et celle de la chauve-souris du n° 28. Il enserre lui aussi, comme la seconde, d'une main le bras de la jeune femme ; mais celle-ci, comme au premier, ne lui appartient pas encore, étant toujours liée par une main à la croix.

La palette est ici proche du N&B.
Point de rose ni de rouge comme sur le n° 12, ni de bleu-violet-vert comme sur le n° 28.
Le décor, essentiellement un ciel, est immuablement gris.
Une grande lune blafarde diffuse une lumière argentée sur les cheveux de la jeune femme et sur les traits de l'être primitif à la peau grise aussi, les faisant ressortir.
Les rares teintes sont celle du bois de la croix, guère prononcée, à laquelle répond celle similaire des cheveux de la jeune femme, et celle de la carnation de ladite jeune femme, tout aussi discrète. Une apparition de Jef, en bas à droite, dans un halo rose, gâche un peu le tableau.

Autre figure féminine en péril, autre homme-bête sur la couverture de Super-terrifiant n° 49.

Une jeune femme fuit dans un corridor de château poursuivie par un homme à la pilosité surabondante.
Les teintes sont proches de celles de la couverture du n° 28 : une agréable tonalité bleue d'un mur à laquelle s'harmonise le doré de tableaux accrochés et les cheveux de la jeune femme en premier plan. S'ajoute la discrète tache vermeille d'une étoffe.

La référence, en termes de contenu, est cette fois celle du château, grande figure de l'imaginaire où tout peut advenir.
L'homme-bête joue le rôle du démon du n° 12.
La jeune femme, bien éveillée, fuit le danger que sa semblable, ou elle-même, ne pouvait pas percevoir précédemment dans son sommeil.

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Autres figures menacées encore, une jeune femme, couchée dans la neige, est sur le point d'être agressée par un loup-garou sur la couverture de Super-terrifiant n° 31 ; une autre, courant, se fait agripper par des mains surgissant de terre sur la couverture de Super-terrifiant n° 14.

Les symboliques sont de nouveau les mêmes : jeune femme désirée et êtres masculins aux mains avides et aux motivations assurément libidineuses.
L'érotisme est convoqué pour aguicher l'acheteur-lecteur.
La première jeune femme, dans sa chute, a eu sa jupe relevée sur une culotte noire et des bas de la même teinte (n° 31) ; les mains attrapent et ouvrent la jupe de la seconde pour faire apparaître une culotte dorée, évocation de la blondeur qu'elle dissimule (n° 14).

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L'image des mains surgissant de terre pour saisir une femme se retrouve sur la couverture de Jacula n° 20, dans le récit "Mort sans fin" (Série verte n° 61, 1er récit), sur une photographie de promotion du film Evil dead de Sam Raimi, sur des affiches des films de Jesus Franco Une vierge chez les morts-vivants (1971) et L'abîme des morts-vivants (1981)...

Une variante est donnée par la couverture de Super-diabolique n° 60, avec des mains émergeant cette fois de l'eau d'un marécage.

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Pensons aussi aux mains sortant des murs pour s'emparer de Catherine Deneuve dans Répulsion de Roman Polanski de 1965.

Un récit très étrange, "Comme un papillon", publié début 1972 dans Horror n° 1 (Ed. de poche), présente un personnage de veuve vivant dans un cimetière et occupée à couper à l'aide d'une faux des mains qui ne cessent de jaillir du sol.
viewtopic.php?f=1&t=38504

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D’une façon générale, sur ces couvertures, la représentation de l'être féminin est sublimée autant par des caractéristiques propres – longs cheveux blonds, perfection du visage et du corps – que par des mises en situation érotiques comme une robe soulevée (n° 16, 19…), relevée (n° 18, 23, 31…), enlevée (n° 22…), arrachée (n° 14, 20…), par des efforts vestimentaires – robes longues (n° 16, 22…) et sous-vêtements sophistiqués à tendance heroïc-fantasy (n° 28) ou fétichiste, culotte dorée (n° 14) ou culotte et bas noirs (n° 16, 31) – ; et même par des décors à inspiration féerique, barque et bougeoirs, étoffe rouge du n° 12.
Le fantasme ajoute ses artefacts.

Les désirs masculins sont traduits à travers les formes aux mains tendues dans un geste d'appropriation, démon (n° 12), chauve-souris géante (n° 28), néandertaliens (n° 21), homme-bête (n° 49), bras de morts-vivants (n° 14), loup-garou (n° 31)…

La mort et sa perception multiforme y sont également soulignées de manière surabondante par des signes extrêmes, crânes (n° 12, 16), tombes (n° 14, 16, 31…), morts-vivants (n° 16, 22…), spectres (n° 22…).

Deux épisodes sont consultables sur le site BDtrash :
Super terrifiant n° 6
http://bdtrash.net/forum/viewtopic.php?f=5&t=2711
n° 30
http://bdtrash.net/forum/viewtopic.php? ... borescence

[Nutello]

Ophélie

Série demi-jaune

n° 34 Une nuit au cimetière (novembre 1982)
n° 35 Mademoiselle 100 000 volts

Super-terrifiant

n° 1 Pédé Sholmes et Taty Watson (janvier 1983)
n° 2 La ballade des pendeloques
n° 4 Agatha Winsor
n° 5 La mort mène le bal
n° 6 Le maître de l'au-delà
n° 7 Le trésor d'Attila
n° 8 Invasion
n° 9 Copies conformes
n° 10 Préhistoire
n° 11 Poupées d'amour
n° 12 Le retour de John Finimore
n° 13 Le triangle des Bermudes
n° 14 Naufrage
n° 15 Au Far West
n° 16 Les momies aztèques
n° 17 Trépanation
n° 18 Le château hanté
n° 19 Reine d'Ecosse
n° 20 Mystéria, qui es-tu?
n° 21 Le comte Nusco
n° 22 L'élixir de jeunesse
n° 23 Une insatiable soif
n° 24 Survivre
n° 25 Nuit d'horreur
n° 26 Les fantômes
n° 27 Tentacules
n° 28 Point trop n'en faut
n° 29 Permutation
Le conflit de génération (récit complémentaire indépendant de 16 pages)
n° 30 Arborescence
n° 31 Le château du loup
n° 32 L'enfer vert
n° 33 Lointaine Aldébaran (réédité dans Les grands classiques de l'épouvante n° 102)
n° 34 Gigantisme
n° 35 La veuve du Maharaja
n° 36 Cristal
n° 37 La lampe d'Aladin
Le médecin des Philippines (récit complémentaire indépendant de 14 pages)
n° 38 Fleur de sexe
n° 39 La reine des Huns
Le chasseur de têtes (récit complémentaire indépendant de 17 pages)
n° 40 Défigurée
n° 41 Je suis innocente!
n° 42 Le puceau
n° 43 La vie est un cauchemar
n° 44 Ursus
n° 45 La sœur du vampire (réédité dans Super-diabolique n° 62)
n° 46 Le paradis perdu (réédité dans Super-diabolique n° 61)
n° 47 Allo ? Ici la mort...
n° 48 Les horreurs d'Arachné
n° 49 Tout a une fin (janvier 1987, réédité dans Super-diabolique n° 63)

Satires

n° 48 Une soirée au cirque (février 1984)

Incube

n° 34 Un fâcheux contretemps (juillet 1985)

Série blanche

n° 5 C'est l'enfer! (juillet 1988, réédité dans Super-diabolique n° 73)


Le n° 3 de Super-terrifiant, "Le goût amer de la vengeance", n'est pas un épisode d'Ophélie mais un récit policier.

[drou]

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[satanik]

Quelle recherche dans la visualisation des couvertures.

[J.J.I.]

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[Numéro 6]

C'est vrai qu'il y a une vraie recherche et cela nous fait découvrir tout plein de choses !
Bravo !

[cromosome]

Absolument passionnant : un post sur la technique de la bande dessinée comme on aimerait en lire plu souvent. Bravo pour ce magnifique travail et un GRAND merci pour nous l'avoir fair partager

[christophe paname]

Merci a toi Nutello !
frau murder, zara, quel plaisir de les voir.
superbes textes ou tu compares les différentes heroines....